Décidément, Lana et Andy Wachowski aiment les défis, à l'image de l'excellent Cloud Atlas, qui avait connu les pires difficultés pour trouver un financement, à cause d'investisseurs effrayés par l'ambition du récit.
Ici, c'est le retour aux affaires pour les géniteurs de Matrix, avec un budget colossal de 175 millions de dollars, qui repose principalement sur les épaules d'un Channing Tatum, déjà star aux Etats-Unis, mais assez peu connu du grand public à l'international.
Mais dès le tournage qui débute en 2013, on sent le spectre du flop arriver pour Jupiter, avec des retards à répétition, une post-production de 8 mois, une date de sortie mainte fois repoussée...
Quant à la campagne promo, on ne peut pas dire qu'elle augure du meilleur, avec une bande-annonce dégueulasse et une affiche immonde, digne des meilleurs nanars SF promis au DTV.
Certes, le principal étant le résultat à l'écran, mais ces petites précisions sur le développement chaotique du film permettent d'en expliquer les défauts.
Impossible pour moi de vous en résumer l'histoire, je frôlerais l'AVC.
Et c'est ce qui pénalise grandement le film, à savoir la trop grande densité du script, de moult personnages, aux enjeux multiples, entrecoupés de trahison et de stratégie politiques.
Je pense qu'avec un scénario de 600 pages à l'origine, dans n'importe quel autre univers (MARVEL et CIE AU HASARD) on aurait pu y faire tenir au moins 2 trilogies je pense.
Sans doute par contrainte, les Wachowski les ont fait tenir dans 2 petites heures. C'est comme porter un slip trop serré, on y est pas à l'aise.
Cela ne les empêchera pas de distiller quelques messages anti-capitalistes simplistes, à travers l'élevage humain, déjà présent dans Matrix.
Mais bon, sachant qu'on oubliera les enjeux scénaristiques rapidement, passons à l'action.
Et là, ça poutre méchamment.
Tourné en 3D, cette dernière est exploitée à merveille, notamment dans des combats spatiaux démentiels, démesurés et parfois étourdissants. On est limité usé à la fin de certaines séquences.
Les morceaux de bravoure s'enchaînent, et on ne voit pas le temps filer.
Quant aux fameux "Patins à glace gravitationnels" de Channing Tatum, bien qu'il divise, j'ai trouvé l'effet réussi.
L'univers n'étant pas en reste, avec un background qui pioche tantôt dans l'heroic fantasy, le baroque et parfois un modernisme parfaitement intégrés dans cet univers inédit.
L'autre réussite du film réside dans les quelques respirations humoristiques, assez nouvelles chez les Wachowski, comme cette interminable "course administrative" pour revendiquer le Titre de Majesté de Jupiter, avec l'apparition en guest de Terry Giliam, hommage évident à Brazil.
Du coup, malgré ses tares principalement scénaristiques (et qui entraîne parfois un montage à la hache), on sort lessivé de la séance, véritable objet pop, boulimique, démesuré, et le sentiment d'avoir vu quelque chose d'un peu plus couillu que la plupart des productions SF grand public de ces dernières années. Un peu comme les Chroniques de Riddick à son époque, bide au box-office et aux critiques divisées.
Pas sûr que ça suffise à sauver le film du naufrage industriel, alors profitez de la came, avant que le manque vous ronge.