Que dire ? Il est difficile, en effet, d'écrire un texte négatif sur un film que l'on avait envie d'aimer. Je ne suis pas un grand amateur des Wachowski, et surtout pas du discours ésotérico-philosophique souvent pompeux qui étouffent souvent leurs films. Mais ils ont deux atouts importants : une inventivité visuelle peu commune (cf. l'influence de Matrix sur l’esthétique de la science-fiction depuis 15 ans); un positionnement « sales gosses » qui les fait sortir du tout-venant des blockbusters hollywoodiens et flirter dangereusement avec la frontière du mauvais goût et du kitsch. Ça fonctionne parfois bien (Speed Racer), parfois très bien (le premier Matrix) et d'autre fois, beaucoup moins (Cloud Atlas). Ou pas du tout, le dernier volet Matrix ou … Jupiter : Ascending.
Car, il faut bien le dire, le film est raté. Passons sur le scénario, assez inepte et trop simpliste : ça n'a, de toutes façons, jamais été le fort des Wachowski. Mais, dans Jupiter : Ascending, la puissance visuelle des deux acolytes semble comme bridée, réduite à deux grandes scènes d'action, fort jolies par ailleurs. L’esthétique du film ne se remet jamais d'un kitsch mal contrôlé qui attaque chaque élément du film : le costumes, les décors, les personnages extra-terrestres qui semblent tout droit sortis d'un mauvais Star Trek des années 80. D'ailleurs, qui donc a eu l'idée d'affubler la plupart de ces créatures de grosses oreilles franchement ridicules, compromettant ainsi toute tentative de crédibilisation des personnages, et du texte qu'ils ont à défendre. Les Wachowski achoppent sur de scènes qui aurient pu, qui auraient du, mettre une claque au spectateur : il suffit de voir le gâchis de la scène de la "maison-ruche", belle idée mal exploitée. Au sein de ce fourre-tout visuel, il est néanmoins possible de trouver une certaine beauté aux vaisseaux et navettes « morcelés », c'est à dire constitués de parties indépendantes mais coordonnées entre elles pour former un seul et même vaisseau.
Bien sûr, les deux grandes scènes d'action font leur effet. La première surtout, une course-poursuite parfaitement chorégraphiée, à la fois subtile et spectaculaire, est à couper le souffle, passant d'un élément à un autre Le choix de placer cette séquence après une demi-heure du film se révèle assez audacieux, elle aurait probablement constitué le climax dans beaucoup d'autres productions moins ambitieuses.
Mais cette audace constitue malheureusement la seule d'un film qui restera sans doute comme le film où les Wachowski ont définitivement perdu leur statut d'auteurs à suivre (à moins que le format série de leur prochain projet ne leur permette de déployer de nouveau leurs ambitions tant visuelles que narratives).