On peut penser ce que l’on veut de Jurassic Park et de ses deux suites, mais s’il faut bien reconnaître une chose, c’est que la franchise a toujours respecté ses dinosaures. Qu’ils soient crées génétiquement ou pas, les bestioles restaient des animaux et se comportaient comme tels. Ajoutez à ça une utilisation presque inexistante d’effets numériques et vous comprenez rapidement où se situe la réussite des films.
Rassurez-vous, les sommités qui ont produit, réalisé ou participé à Jurassic World sont des personnages bien plus intelligents que la normale, ils ont donc décidés de faire fi de toute ces considérations pour se lancer pleinement dans une séance de viol sur sauriens disparus à grande échelle.
Soyons clairs d’entrée, personne n’attendait rien du scénario ou des acteurs, on passera donc rapidement sur ces détails. L’intrigue générale est tellement dense qu’un bœuf nourri en intraveineuse par le placenta de son propre frère pourrait l’appréhender en huit minutes. Tous les acteurs sans aucune exception jouent comme des buses et appliquent tranquillement le manuel pour incarner une parfaite caricature. Comme Chris Pratt et Omar Sy (entre autres) ont prouvé qu’ils savaient faire un peu plus que ça, je pense qu’il faut se tourner du côté de la direction artistique et du réalisateur pour les félicitations. De l’adolescent trisomique qui mate comme un puceau la première créature féminine dans un rayon de douze mètres à la trentenaire en talons qui débute le film en Loana et le finit en Lara Croft, en passant par l’autiste chevelu qui récite ses bouquins Science et Vie Junior à longueur de monologues, vous allez tous les bouffer un par un. Notons que le moindre Ptéranodon a plus de capacité d’analyse que l’entièreté des personnages, mais que tous se démerdent scandaleusement d’échapper à la mort qu’ils méritent.
Le problème majeur du film, c’est que les mecs aux commandes l'on confondu avec Le petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, dessin animé de fort bon aloi mais destinés aux 3-7 ans. Qu’on foute sciemment dans une production de cette ambition des scènes où différents dinosaures communiquent entres eux comme de vulgaires poivrots, qu’on voit des ptérosaures jouer au Quidditch avec des touristes sans raison logique ou que le gentil Raptor aide son ami T-Rex à fist-fucker l'immonde Indominus, ça relève purement de la démence.
Les dinos sont le cœur du film. Alors pourquoi ravager à ce point leur identité animale ? Tu voulais pas rajouter un putain de Gallimimus en tutu qui serait venu chanter l’hymne du parc ou un Spinosaure pour sortir les poubelles Colin ??? Le mec a réussi à rendre des acteurs pathétiques, c’est malheureusement fréquent, mais il en plus il viole l’essence même du dinosaure dans la suite de JURASSIC PARK, le film du genre par excellence. La performance mérite la taule sans aucuns soucis. D’un point de vue strictement technique, les gros lézards apparaissent en image de synthèse 90% du temps. Le résultat est correct mais dès que ça s’agite un peu on sent bien que les trucs n’ont aucune consistance. On va mettre de côté l’Indominus Rex, sur-teasé et sur-vendu depuis des mois, et qui est la seule chose à peu près soignée du bordel.
Sinon le T-Rex s’est à peine remis de l’affront qu’il a bouffé dans le troisième film qu’il reprend une bonne tarte dans la gueule. Sans déconner, patienter jusqu’à la fin pour voir l’animal ça aurait pu se pardonner si le résultat était à la hauteur. Bilan : le Roi des rois traîne sa gueule numérique disproportionnée dans une pénombre dégueulasse pendant trois minutes et se barre comme si de rien n’était. Rendez-nous celui de 1993 putain.
Côté réussite, on va dire que le milieu du film fonctionne pas trop mal, cette espèce de cache-cache dans la jungle apporte quelques petits moments de bonne tension. Et puis gros gros frissons pour les vingts secondes où ça balance le thème du premier opus.
Bilan, ça fait vraiment mal au cul pour les gosses qui se pointent au cinéma et se rappelleront toute leur vie de ça quand on évoquera Jurassic Park. A la fin de l’année, y’a juste Star Wars qui sort. Faites vraiment pas les cons parce que sinon va falloir songer à la guerre civile.