Dans l'ombre d'un premier opus dominant dans la conscience collective, Jurassic World mène la dure tâche de raviver la licence après la déception de ses deux prédécesseurs. La force comme la faiblesse de ce quatrième opus est son essence assumée : un pur film de fan. Trevorrow, gamin dans son coffre à jouets, enchaîne les références à son film phare, enchaînant les gags plus ou moins réussis dans une bonne humeur communicative. Piqûre de nostalgie au rythme efficace et tenue par un joli bestiaire, le film peine malheureusement à se trouver, cherchant à cloner son aîné sans pouvoir capturer son ADN. Le réalisateur ne transmet ni la magie de l'émerveillement ni une once de dramaturgie tel un Spielberg : au sein d'un parc glorifié aussi tape-à-l'œil qu'artificielle, les personnages n'offrent aucune personnalité, sans enjeux, nourris aux vannes pour insuffler du charisme, vecteurs d'une absence totale de frissons et de suspens. Timide quand il s'agit de faire exploser l'apocalypse promise, déroutant quand il se met à invoquer le cinéma bis, ce nouvel opus se perd mais demeure une attraction efficace, voire intrigante quand elle expose sa propre conscience : derrière le monstre surpuissant génétiquement modifié qui affronte nos bons vieux dinosaures, derrière l'argument des grosses pontes du parc qui ne voient que statistiques et billets verts, Jurassic World gagne alors d'un sous-texte permanent qui le fait se mettre humblement à genoux devant les grands spectacles d'antan.
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