Ah Jurassic Park, toute mon enfance ! Forcément, j'étais fébrile d'en voir le nouvel épisode, curieux mélange entre remake et suite du premier de la saga. C'est comme si les scénaristes avaient oubliés les deux suites du premier opus. C'est déjà un bon point.
Le film commence par nous introduire dans ce parc d'attraction, de rêve, il faut le dire, non sans faire quelques clins d'oeil au premier film (ancien parc, logo et la musique de John Williams qui résonne). Mon âme de gosse ressurgit un instant. Mais ce nouveau parc est grossier, les attractions aussi clinquantes que le Marina d'Antibes ou que le Space Moutain de Disney. La technologie a remplacé le côté archéologie et redécouverte de la faune jurassienne du premier film. Ici, point d'archéologues, simplement des enclos spectaculaires et des gamins ébahis, figures du spectateur que nous sommes, ébahis par le spectacle et avide d'un toujours plus. Contrairement à certains, je ne trouve pas que le placement de produits et les boutiques tels que Ben & Jerry's gâchent le spectacle. C'est même un élément de réalisme certain. Si ce parc existait, il ressemblerait probablement à cela. J'y ajouterais même un Mcdo.
Avec malice, le scénario introduit un nouveau monstre, l'Indominus Rex, hybride de t-rex, de raptor et d'un tas d'autres créatures charmantes. Bref, une machine à tuer, un super-carnivore capable de vous engloutir un diplodocus en moins de deux. En effet, comme le souligne un personnage du film : plus personne ne s'égosille devant un stégosaure. C'est du passé. Le spectateur - donc nous - voulons plus de dents, plus de violences, une bête capable de "faire faire les pires cauchemars aux adultes".
Jurassic World donc, empreinte aussi à Frankenstein, montrant des scientifiques et généticiens aussi puissants que des dieux, contrôlant - ou tentant de contrôler, des monstres d'un temps passé, en vain. Parmi eux, il y a l'ex-GI (il en faut toujours un dans un Blockbuster américain), converti en dompteur de vélociraptors, accompagné par Omar Sy, ce dernier nous gratifiant même de son rire reconnaissable parmi mille. Seulement, voilà, contrôler des raptors, c'est pas un boulot facile et lorsque l'Indominus Rex s'échappe de son enclos au terme d'une grotesque évasion, il faut le dire, les charmantes bébêtes sont prêtes pour partir à sa chasse, suivi par leur dompteur en moto.
Pendant ce temps-là, une jolie blonde vénitienne gère cette machine à fric. Ses deux neveux sont là. Elle est débordée, elle ne connait même pas leur âge, ne peut même pas s'occuper des deux marmots, l'un étant obsédé par les filles, titillé par la testostérone, l'autre étant un insupportable gamin je sais tout, comme toujours. Mais globalement leur jeu est juste. Sur ce point, le film évite l'écueil.
Tout dérape, bien sûr. La bête est inarrêtable. InGEN, l'entreprise déjà présente dans le premier opus propose son aide avec des gros bras tout en emportant les embryons des charmants dinos dans un hélico (ce qui annonce une suite), dans le but d'utiliser les raptors pour un usage militaire !?.
Echec, terreur, combat de raptors, de T-rex, nos héros qui s'en sortent in extremis, chacun avec leur talent particulier (chapeau à la fille qui court aussi vite qu'un jaguar tout en restant en talon). Le parc est condamné. Son propriétaire meurt pathétiquement, la fin est grotesque. Le film en fait trop, marchant aussi lourdement parfois que le T-rex du premier opus, suivant ce modèle indétrônable qu'était Jurassic Park sans parvenir à innover. A plusieurs moments la mise en scène en fait trop, le film ressemble à un mixe de Godzilla avec ces raptors, nouveaux "amis" des hommes, mais c'est un plaisir coupable, bien foutu, efficace, sans temps morts.
Maladroit, pataud, en un mot, lourdingue, Jurassic World parvient quelque peu à ranimer la flamme de l'enfance et l'émerveillement devant les dinosaures tout en se perdant dans une surenchère un peu vaine et ridicule et dans un scénario cousu de fil de blanc.