La bonne surprise que voilà : qui aurait misé un rond sur un retour qualitatif de la franchise du vieux Steven, 20 ans après qu'il ne l'ait lui-même enterrée en abandonnant la réalisation du troisième opus à un autre (sans doute convaincu, après un deuxième épisode qui tirait déjà sur la corde, qu'il fallait que ça s'arrête) ?
Mais tout y est, et si les dinos ne font plus en 2015 l'effet qu'il faisait au milieu des 90's, il faut avouer qu'on prend quand même son pied à les retrouver. Sans compter qu'ils ont gagné en définition, forcément.
Au-delà de l'aspect technique, dont je n'attendais pas moins au vu des moyens actuels, ce qui fait la bonne surprise c'est que le film est définitivement plus qu'un simple nanar propulsé au box-office par la magie des images de synthèse et du sensationnalisme reptilien pour ainsi dire.
Première chose : Colin Trevorrow se joue sans arrêt de tous les clichés qui collent à la peau du genre et plutôt que de chercher à les éviter un à un, préfère les assumer pour mieux les détourner.
Donc tout le monde y est :
- Les deux gamins victimes de la crise conjugale de leurs parents (un petit génie rêveur et un ado bonne gueule qui est en pleine phase terminale de la fameuse transaction 'mon âme contre une paire de seins')
- Le geek qui sait dès le début que tout ça va mal tourner.
- L'assistante à lunettes.
- Le scientifique fou.
- L'ex-marine peroxydé qui sait parler aux dinos (et les flinguer à l'occasion).
- Le type sans moralité qui travaille pour la sombre organisation qui va chercher à tirer profit du merdier annoncé.
Tout le monde est là oui. Mais presque tout le monde (dinos y compris), à un moment où à un autre va aller assez loin dans le cliché pour que tout ça fleure bon le second degré.
Et c'est d'autant plus évident qu'on réalise rapidement que le film est aussi prétexte à soulever tout un tas de problématiques liées (notamment) à l'industrie cinématographique : sensationnalisme, surenchère absurde, abstraction progressive du facteur humain (reptilien aussi dans le cas présent), clientélisme et j'en passe...
Le film nous épargne aussi la romance foireuse dans le carnage ambiant en résumant globalement la relation entre la fille et le mec à l'envie qu'ils ont de s'envoyer en l'air.
La relation entre les deux frangins quant à elle, quoique grossièrement travaillée, préserve un certain intérêt ou du moins a le mérite de ne pas polluer le film.
Pour le reste, le casting du crétacé est plus étoffé que jamais et c'est franchement chouette à voir.
(Le gros machin dans la flotte m'a particulièrement plu (sans compter qu'il met tarif à un requin))
A noter aussi les agréables clins d'oeil réguliers aux deux films de Spielberg (la jeep, le moustique, le blason... Manque plus que la gelée !)
Voilà, on regrettera entre autres que l'action soit clairement édulcorée pour passer dans la catégorie 'tous publics' et que les méchants soient toujours aussi désespérément stupides (et méchants).
Comparé à son ancêtre, le film manque aussi cruellement de plans de génie (T-Rex qui émerge des rideaux de pluie, Raptor qui toque à la vitre...) mais bah, n'est pas Spielberg qui veut.
Pour finir le mélange ADN sur pattes qui est au coeur du film est un peu 'too much' à mon sens mais heureusement son rendu visuel reste assez sobre.
En conclusion, un bon film là où on pouvait clairement s'attendre à une daube sans nom.
Et si par bonheur vous aimez les dinos, vous pouvez vous jeter dessus.
Reste un problème : l'inévitable suite...