Le sens mordant du grand spectacle

Jurassic World a ressuscité un phénomène débuté en 1993, et Universal pouvait craindre que ce phénomène délaissé depuis 2001 avec Jurassic Park III tombe à l'eau en n'intéressant plus personne, les dinos étant un peu passés de mode. Mais personne n'avait prévu que le film ferait un tel carton, il a redonné un nouveau souffle au phénomène cinématographique des dinosaures.
Le pire en fait, est venu des critiques puisque le film a beaucoup divisé. Je ne cache pas que j'étais méfiant avant la séance, j'en suis ressorti conquis, car le principal est atteint, le film remplit son contrat de blockbuster, l'action ne faiblit jamais, c'est du grand spectacle total et divertissant, avec une petite tendance au sadisme vorace, la réalisation est de bonne facture, les Fx de grande qualité, bref l'ensemble est très efficace, même si l'effet de surprise du premier film a disparu, ainsi que son effet magique. Tout ceci est secondaire à partir du moment où le cahier des charges est rempli, c'est du gros blockbu sans grande surprise mais qui mérite son énorme succès mondial, qu'on peut résumer ainsi : effets spéciaux, grosses bébêtes et morale familiale, une trilogie bien américaine.
On a tellement ressassé que le scénario était calqué sur celui de Jurassic Park, que finalement, c'est pas si flagrant, enfin moi je trouve pas tant que ça ; le fond a un petit air de copie conforme, mais il y a de sacré variantes quand même. Remake, reboot, film hommage, c'est au choix car le film multiplie les clins d'oeil aux opus précédents, c'est obligé qu'il y ait quelques redites, mais en revoyant le film, je les ai trouvé limitées ; on prend 2 gamins insupportables, des scientifiques apprenti-sorciers, des dirigeants irresponsables, un écolo de service, et des dinosaures incontrôlables, et le tour est joué ! Même Michael Gioacchino a repiqué les thèmes de John Williams, bon ben y'a pas de quoi fouetter un chat !
Le film laisse évidemment peu de place à la réflexion sur la manipulation des ADN, pratique dangereuse qui entraine des dérives, la preuve ! couplé à la problématique des producteurs qui est d'offrir des créatures plus grosses, plus terrifiantes et plus méchantes, cet aspect scientifique est effleuré, mais ce n'est pas tellement son rôle, l'objectif principal étant d'offrir un pur entertainment des familles sans aucune prétention intellectuelle, pourquoi donc bouder son plaisir et faire toujours le difficile ?
Moi ce qui me dérange beaucoup plus, c'est de voir un gars transformé en dresseur de raptors et faire de la moto au milieu de ses bestiaux, couplé à quelques autres invraisemblances mal digérées comme l'alliance finale du T-Rex, du dernier raptor survivant et du mégalodon contre l'Indominus Rex, ça m'a fait un peu rigoler. Mais bon après tout, je me dis que dans tout blockbuster, il y a quelques couacs, ça fait partie du jeu. Le film propose quelques scènes jouissives, comme l'invasion des ptéranodons qui attaquent les touristes, ou quelques scènes où le gros bestiau fait un carton parmi les équipes du parc en bouffant tout ce qu'il peut. La panique semée par tous ces dinosaures devient assez légitime, un peu comme une vengeance, dans la mesure où l'homme a recrée des animaux pour en faire les attractions d'un parc à thème, ça laisse pensif sur le devenir de la nature.
Quoi qu'il en soit, c'est un film qui n'égale pas les 3 premiers opus (oui même le 3 je l'aime bien) mais il est très spectaculaire, un vrai pop-corn movie bluffant dans sa technologie et drôle dans ses excès.