Je n'ai jamais vraiment kiffé la série des Jurassic Park. Mais c'est générationnel. A l'époque, en 1993, j'étais plus branché Trần Anh Hùng, Bertolucci, Kitano, Chen Kaige ou encore Jane Campion. Je demande donc aux fans qui vont lire cette critique d'être indulgents.
Cette saga, que je considère comme exclusivement dirigée vers le jeune public, n'a cessé de m'interloquer. On prend des dinosaures, on les place dans le monde actuel, et on filme le résultat. Et ? Et c'est tout. A chaque fois c'est la même histoire : Regardez comme ils ont l'air vrai. Comment nos héros vont-ils leur échapper ?
Ca n'a absolument aucun intérêt. Dans King Kong ou dans tous les films mettant en scène des créatures de Ray Harryhausen il y avait de la poésie, du mystère, du fantastique. Dans la saga Alien il y avait de la SF, de l'horreur, de la tension palpable. Dans la saga Jurassic Park/Jurassic World tout n'est que prétexte. Venez voir comme nos monstres sont bien conçus, emmenez vos enfants, n'ayez pas peur il n'y a pas de sang et tout se termine toujours bien.
Jurassic Park/Jurassic World est une saga aussi inoffensive que l'étaient L'Île aux Enfants et Casimir, pour ceux qui s'en souviennent.
Oui il y avait de la mise en scène chez Spielberg, mais au service de quoi ? Oui on a pu faire semblant de croire que Bayona avait redonné un peu de souffle à toute cette histoire, parce que forcément comparé à Trevorrow c'était plusieurs catégories au-dessus. Mais, sérieusement, à quoi vous attendiez-vous avec ce Jurassic World : Dominion ? Du fan service, des easter eggs, du recyclage, c'est tout ce que vous obtiendrez. Vous pensiez avoir tout vu avec Spider-Man : No Way Home ? C'est un chef d'oeuvre à côté de cette bouse.
Cinématographiquement c'est une catastrophe industrielle. Il n'y a rien. Même la seule scène du film dans laquelle il y avait une lueur d'inventivité (la scène où Brice Dallas Howard est sous l'eau), il parvient à la filmer médiocrement. Il n'y a pas une seule scène d'action exploitée ou filmée de façon lisible, ludique, ou même cohérente. Le montage est abominable. Les acteurs eux-même sont aux fraises (la scène où le groupe tombe nez-à-nez avec le giganotosaurus), ils ne regardent quasiment jamais au bon endroit. Ce qui aurait sans doute pu être corrigé en post-prod, mais comme tout le monde s'en branle... C'est une succession de clichés, tous de mauvais goût. Le méchant patron de la méchante entreprise pharmaco-agro-chimique, le casting dans lequel les acteurs ne sont que des quotas, la petite punchline alors qu'on est sur le point de passer l'arme à gauche, c'est minable et surtout c'est interminable (2h27 ça dure)
Le Jurassic World de 2015, toujours filmé par Trevorrow, c'est quasiment 1,7 milliards de recettes au box-office. Lorsqu'on arrive dans ces sphères là avec un réalisateur aussi mauvais on se dit que tout est permis. On devient "too big to fail". On se dit que ça doit être pour ça que le studio a mis 20 millions de moins que pour le précédent opus. Et ça se voit. Ils arriveront bien à traire encore un petit milliard avec cette franchise. Franchise qu'ils ont, j'espère, définitivement enterrée.