A quoi,bon discourir sur l'âge vénérable de son réalisateur ou à s'interroger pour savoir s'il s'agit d'une œuvre testamentaire, Juré n°2 est avant tout un suspense passionnant et équivoque autour de la justice humaine et des failles d'un système qui privilégie, peu ou prou, la notion de présomption de culpabilité, comme si le glaive comptait plus que la balance. C'est en instillant le doute et l'impossibilité de parvenir à un verdict propre que le film tisse sa toile et élargit l'abîme, à partir d'un sujet de départ assez hasardeux, ce qui, au fond n'a que peu d'importance, à partir du moment où le déroulement du fil narratif impose son implacabilité, avec une formidable scène pour conclure. Sur la forme, Eastwood ne s'autorise aucune fantaisie, confiant dans son classicisme épuré que d'aucuns pourront bien qualifier d'académisme, peu lui chaut, au vieux routier du cinéma. La filiation avec 12 hommes en colère est évidente mais ce serait un mauvais procès que de parler de remake, avec de nombreux passages qui se déroulent hors du tribunal et qui se révèlent fort efficaces, par la grâce d'un montage resserré, pour montrer le dilemme du personnage principal, avec toutes ses contradictions et ses "bonnes" raisons d'agir comme il le fait. A ce titre, Nicholas Hoult, a toute l’ambiguïté requise, derrière son visage d'ange présumé sans tâches.