Tout est net : pas d'erreurs, pas de remplissage, un jeu d’acteur irréprochable. Une œuvre de Clint Eastwood comme on les aime. Mais aime-t-on vraiment « Juré n°2 » ? On sort satisfait des près de deux heures de projection, mais ce n'est pas là le cœur du problème. Clint Eastwood est un réalisateur reconnu, souvent excellent, et il l’a prouvé à maintes reprises. On le suit, comme un « vieil ami » qui revient régulièrement nous rendre visite. Alors, pour ce dernier opus, la passion d’Eastwood est-elle toujours présente ? Malheureusement, la réponse n’est pas positive.
On sort effectivement satisfait, mais pas comblé, pas chamboulé ! Certes, le propos du récit n'est pas nouveau ; d’autres réalisateurs l’ont déjà traité (Douze hommes en colère…). Ainsi, sur le plan narratif, les surprises se font rares. L’intérêt réside dans l’évolution psychologique du juré numéro 2, qui se développe au fil d’une intrigue de plus en plus dense. Son implication directe dans l’affaire permet de suivre les rebondissements à travers son regard, et c’est là que l’originalité du récit se manifeste. Cependant, c'est justement à ce niveau que le bât blesse. Le jeu de l’acteur principal demeure trop convenu, peu tourmenté, et il semble s’accommoder de ses dilemmes avec une facilité qui anémie le film lui même. À la fin, il se permet même une leçon de morale, enfin une leçon de « sa » morale, à l’adresse du substitut du procureur. Les autres personnages restent dans les rôles attendus, sans surprise. Même l’ultime image « choc » ne parvient pas à nous étonner.
C’est pourquoi le dernier film de notre « vieil ami » Clint ne suscite pas l’enthousiasme : il est bien ficelé, trop bien ficelé, propre, sans écart, laissant la complexité humaine en coulisse…