JURÉ N°2 – 15/20

On se demande vraiment ce qui a poussé Warner Bros à sacrifier la sortie de Juré n°2 aux États Unis et à assurer le service minimum ailleurs. Il n’atteint certes pas les sommets des grands Eastwood (Gran Torino, L’Echange, Un Monde parfait, Iwo Jima…), mais il n’en est pas si loin. C’est un excellent cru, passionnant d’ambigüité, qui en plus de ravir les amateurs de procedurial dont je fais parti, se double d’un thriller intimiste captivant. Sans être assommant, il décrit parfaitement et avec pédagogie le système judiciaire américain qu’il n’hésite pas à égratigner et profite de ce procès et de la position exceptionnelle de ce juré pour sonder l’âme humaine, comme à ses plus belles heures. Il fait vaciller notre boussole morale, il trouble et secoue.

On pense forcément à 12 Hommes en Colère qu’il convoque sciemment mais partiellement et sans songer à l’égaler. Eastwood préfère s’attarder sur les dilemmes éthiques qui vont percuter les existences de ses personnages principaux. C’est passionnante et inconfortable.

Le réalisateur a trouvé en Nicholas Hoult le visage parfait pour incarner les combats intérieurs de son personnage. C’est sans doute son meilleur rôle à ce jour, mais lui en ouvrira sans doute beaucoup d’autre, il devient très intéressant en prenant de la bouteille.

A 94 ans, Clint Eastwood n’a rien perdu de son vivacité intellectuel, de sa volonté de questionner et bousculer son spectateur par des démonstrations narratives et formelles implacables. Si Juré n°2 s’avère être son dernier film, ce sera un très beau chant du cygne.