Le postulat de Juré N°2, où un seul juré va tenter de faire pencher la balance d'un procès où tous les autres sont convaincus de la culpabilité de l'accusé, rappelle nécessairement le film de Lumet, d'autant que la mise en scène est très classique. Pour autant, ce n'est pas ici une redite, et le propos s'avère plus trouble.
On a paraît-il assez reproché la fin abrupte de ce film. Elle est pourtant évidente dans le dispositif, qui consiste tout du long à faire douter le spectateur de ses certitudes. Nous voyons plusieurs aboutissements possibles de cette histoire, mais le seul qui serait assez satisfaisant est écarté d'emblée par un ami avocat de ce juré fortement impliqué dans l'affaire. Dès lors, ne pas trancher frustre forcément le spectateur, qui aurait bien voulu que le réalisateur le prenne par la main. Mais c'est une "bonne frustration", qui force à réfléchir sur les différents dénouements, et s'avère dès lors plus intéressante que n'importe quelle résolution. J'irais donc jusqu'à dire que cette fin, pour être certes abrupte, ne l'est pas encore suffisamment, et que couper sur les coups frappés à la porte aurait été encore plus pertinent.
Concernant le film de manière plus générale, on peut regretter les grosses ficelles scénaristiques qui favorisent le propos, mais pas la fiction. Le plus évident étant bien sûr ce jury, composé de tout ce qu'il faut pour expertiser chaque point soulevé lors de la délibération. Si l'on avait réuni ces gens exprès, on n'aurait pas mieux choisi! Les nombreux flashbacks ne sont pas non plus forcément des plus heureux, je pense, le premier ayant suffi à asseoir le propos.
Reste que la réflexion est intéressante et que, si le procès en lui-même n'est pas des plus palpitant à suivre, servant surtout à montrer minutieusement le travail de la justice, même si les effets de montage entre les discours opposés des deux avocats fonctionnent bien, c'est que l'intérêt est ailleurs : le cas de conscience de ce juré qui donne son nom au film est, lui, absolument passionnant.