Autopsie supplémentaire du système judiciaire américain, Juré N°2 n'en est pas moins pour Eastwood une œuvre dispensable. Dans la forme si classique qu'on lui connaît, le vieux maître signe ici un film de procès didactique, certes, assumant totalement l'héritage de Lumet, convoquant autour de son trouble protagoniste onze jurés, et tout une myriade de personnages et de témoins. Autant de regards qui chacuns apportent leur part de la vérité, ou en tout cas leur vérité.
Avec la fascination qu'on lui connaît pour les hommes et les femmes qui suivent leurs convictions et qui le font jusqu'au bout, quitte à questionner les limites, Eastwood ne cède pourtant à aucun relativisme. Les symboles qu'il agite sans hésitation (du nom tout explicite de ses personnages - Faith Killebrew, impeccable Toni Colette - aux zooms symboliques sur des icones de la justice dont la balance s'agite au vent) rappellent une chose certaine : le mensonge est un vice qui ronge les âmes, les corps, détruit des vies et, en fin de compte, la société.
Et la justice, aussi américaine soit-elle , tombe au final comme un couperet pour mieux remettre les pendules à l'heure.
Avec ce dernier plan et ce qui est probablement le dernier geste de sa carrière, Clint Eastwood fait fort tant la morale jusqu'au boutiste et presque perverse qu'il déploie déroute celles et ceux qui n'auraient jamais imaginé ça de lui.