Sorti dans une relative indifférence à cause de la maison de production, Juré n°2 mérite pourtant de remplir les salles, tant Eastwood maîtrise son sujet.
Car mine de rien il reprend l'un de ces sujets favoris, la critique de la société américaine en l'attaquant cette fois sous l'angle de son système judiciaire. Se voulant le plus juste possible, mais étant si imparfait, en particulier et tout simplement parc qu'elle repose sur les Hommes, eux aussi imparfaits. Et c'est la toute la force d'Eastwood (comme depuis toujours) : jouer sur l'ambiguïté morale. Personne n'est tout blanc, les bons s'arrangent tour à tour avec la notion de justice. Et c'est là toute la force de ce film, Eastwood nous renvoie à notre propre notion de ce qu'est la justice et comme bien souvent il nous laisse libre de notre choix. La dernière scène, très simple et pourtant très puissante est l'illustration de cette capacité qu'à Eastwood à nous mettre face à nos propres valeurs, notre propre morale.
Au-delà de toute cette réflexion, il y a un film, bien mené, avec un suspense qui monte crescendo, où plus les fils se tirent, plus on se demande ce qu'il va advenir du personnage principal, parfaitement interprété par Nicholas Hoult. Clairement Eastwood nous met à sa place, qu'aurions nous fait, le tout en jouant sur les nuances, la morale, le bien, la justice, ces notions n'étant jamais si simples qu'il n'y parait.
L'alternance, huis clos de la salle de délibération, flash back, scènes familiales, permet de maintenir une vraie dynamique dans ce film où chaque jours qui passe apporte son lot d'évolutions, ainsi Eastwood maintien sans effort notre attention durant les 2h.
En définitive, pour ce qui est probablement son chant du cygne, Eastwood nous prouve (après des derniers films en deçà de ce à quoi il nous avait habitué) qu'il est l'un des plus grand monument de l'histoire du cinéma. Le verdict est sans appel, excellent.