On peut au moins se satisfaire qu’Easwood n’a pas clôturé sa très honorable carrière de cinéaste avec le médiocre « Cry Macho », c’est un des points positifs de ce nouveau film, sorti en catimini dans moins de 15 salles au Etats-Unis, avec en prime – tout l’irrespect et la morgue de Warner Bros. « Juré n°2 » quant à lui, serait visiblement le véritable baroud d’honneur du légendaire cow-boy. Un autre grand cinéaste qui termina sa carrière récemment avec un film de procès, le très regretté William Friedkin, avec le plaisant « L'Affaire de la mutinerie Caine », qui, à l’instar de « Juré n°2 » est formellement très télévisuel, avec néanmoins, un meilleur scénario, ainsi que des performances d’acteurs et des dialogues, largement supérieur à ce qu’on trouve ici.
« Juré n°2 » est un film de procès avec une idée de base original, malheureusement très peu exploité. Le personnage principal brille par sa transparence, totalement inexpressif et sans relief, on a peine à se mettre à sa place tant, il traverse stoïquement cette histoire, on ne ressent pas une seconde son dilemme moral, ce qui est pourtant l’intention affichée du long-métrage. Les amateurs de films de procès (dont je fais partie) seront déçus, Eastwood semble ne semble pas être très intéressé par cet aspect des choses, aucune idée ni remise en cause sur la fonction du jury populaire au États-Unis n’est exploité. La morale supplante le légalisme, ni les plaidoyers, ni les discussions des jurés importe vraiment. On suit simplement ce pauvre type très impénétrable tenté de se dépêtrer d’une horrible situation. Par ailleurs, je suis circonspect quant à la chute du film, le plan final tente de nous faire comprendre qu’il paiera pour son méfait, sans indiquer qu’au Etats-Unis, une affaire ne peut pas être jugée deux fois, me semble-t-il.
En conclusion, c’est un jugement en demi-teinte pour ce dernier Clint Easwood, bien supérieur à « Cry Macho », mais très inférieur à son dernier vrai bon film « Le Cas Richard Jewell ».