Décidément les films d’hyper-violence réussis sont souvent conjugaux, avec une mise en scène de talent. Sans doute parce que leur proximité nous touche et nous renverse avec une force et une facilité effroyablement intimes. Divorce, guerre de la garde d’un garçon de 11 ans, famille déchirée, tribunal, juge, application du partage au quotidien, bref, le lot horriblement anodin de la plupart des gens, ceux qui n’ont pas accès à la sagesse de s’organiser. Sans jeter la pierre à quiconque, le formidable réalisme domestique, tellement proche et tellement humain, nous identifie avec maestria aux situations, aux sentiments et aux personnages, chacun avec ses forces, ses douleurs et ses petitesses, ses bonnes volontés et sa médiocrité, somme tout représentatives de la moyenne.
Entre les belles-familles, traditionnellement oscillantes entre leurs maladresses ; la mère, sèche, manifestement de mauvaise foi, accapareuse, mais réellement aux abois ; le père moyen, balourd, désespéré de perdre ses enfants, tendu dans un légitime et extrême état nerveux ; la grande sœur que l’on devine définitivement abimée à 18 ans et qui a d’autres chats à fouetter avec son copain ; et surtout le gamin, a priori menteur invétéré, incarnant une souffrance tangible et innocente, et un insoutenable état de malaise.
La proximité d’avec chacun et l’intimité des scènes forcent à l’empathie et à l’évidence du triomphe de la bêtise, de la peur, de la fureur, de la combativité butée. Ca suffisait déjà à constituer un bon drame psycho-socio-familial parfaitement glaçant. Mais non, ça se poursuit, avec un film qui passe la vitesse supérieure, lorsque le hasard des réflexions nous livre ses enjeux et passés inattendus, et bien sûr quand les comportements évoluent jusqu’à pulvériser le masque des apparences.