- Coupe SC, 1ère manche -
"Field of Dreams" est un film qui sent bon les années 80. Au premier coup d’œil, les coupes de cheveux, les vêtements, la photographie, nous donnent de sérieuses indications sur son âge. Mais au-delà de ces éléments visuels si caractéristiques, l’œuvre de Phil Alden Robinson reprend également un ensemble de thématiques, propres au cinéma de cette époque.
Ray Kinsella, brillamment interprété par Kevin Costner, est un fermier débutant une culture de maïs, une vie tranquille et retirée dans l’Iowa, avec sa femme Annie et sa petite fille, Karin, dans un contexte de fin de mouvement hippie et leurs grandes causes (tout juste effleurées dans le film). Kinsella va avoir une vision, ainsi que des hallucinations auditives, qui le pousseront à construire un stade de baseball en plein milieu de son champ. Notons une fois encore que c’est l’apanage des gens d’arcs d’entendre des voix !
Dans sa quête d’un véritable rêve américain composé d’un subtil mélange de magie et de croyances, il partira à la rencontre de Terence Mann, campé par un toujours solide James Earl Jones. L’ "étoile noire", que l’on connait habituellement comme la figure paternelle, est ici un écrivain qui va tout d’abord rejeter Kinsella. De là à dire qu’il n’en a rien à "batte", il n’y a qu’un pas…sauf que Ray saura se montrer convaincant, "de la balle" me direz-vous. Puis tous deux poursuivront leur route afin de rassembler toutes les pièces composant ce rêve final.
Un rêve qui se matérialisera en la personne de Shoeless Joe Jackson, à qui un Ray Liotta jeune mais au visage déjà vieux prêtera ses traits. Peu loquace, il aura eu le mérite d’essayer de nous faire croire un instant qu’il pouvait incarner une gloire passée du baseball. Pour l’occasion, c’est même toute une équipe fantôme des Red Sox qui apparaîtra, avec en prime un Burt Lancaster impeccable. Le film propose même une belle mise en abîme avec cette scène où Kinsella éteint le poste de télé, prétextant que "cet homme est malade" (d’entendre une voix) alors que sa fille regarde "La vie est belle" de Capra *…tout cela juste avant biensûr, que le fermier n’en entende lui-même. Toute la magie du cinéma délivrée par Robinson…sur le champ.
Le tableau du bon film américain des années 80 ne serait donc pas complet sans sa dose de foi, "crois en une entité divine, elle te ramènera une équipe mythique de baseball de l’au-delà, et ton défunt père en prime", de valeurs familiales et morales (générosité, altruisme, prise en main de son propre destin), d’un sport typique de toute une nation, et surtout, de sentiments sirupeux qui dégoulinent un peu sur les bords. Le petit plus de "Field of Dreams", c’est cette voix qui te chuchote: "vis ta vie comme tu l’entends et va jusqu’au bout de tes rêves". En même temps, le titre français nous mettait sur la voie…
Malgré la présence du "Robin des Bois, prince Baseballeur" dans un rôle qui lui va comme un gant, Phil Alden Robinson est loin d’accomplir un Grand Slam. Il est même loin d’un simple home run. A vrai dire, au troisième et dernier lancer, il parvient péniblement à frapper la balle.
* le film en question est "Harvey" d'Henry Koster, ça m'apprendra à ne pas l'avoir vu, de même que celui de Capra. Merci à Sergent Pepper d'avoir corrigé !