Inspiré de sa propre vie, Just kids est le troisième long-métrage pour le cinéma réalisé par Christophe Blanc.
Ce dernier a décidé de tourner à Grenoble pour son emplacement géographique (enserrée entre les montagnes) mais notamment pour son côté emprisonnant qui permettait d'enfermer les personnages aussi bien physiquement que psychologiquement.
Traitant de la jeunesse face à la mort, ce film est émouvant sans tomber dans le cliché et sans être non plus en train de nous tirer les larmes à chaque instant.
Il y a l'histoire certes, il y a surtout ces jeunes acteurs qui prêtent leurs traits aux personnages. Bien qu'il soit une fratrie de trois, le récit se concentre essentiellement sur les deux frères : l'ainé et le benjamin, interprétés par Kacey Mottet Klein et Andrea Maggiulli.
Si je connaissais déjà Kacey, que j'avais découvert en 2010 chez Joann Sfar dans Gainsbourg (vie héroïque) puis, plus récemment, adoré aux côtés de Virginie Efira dans Continuer de Joachim Lafosse en 2019, je n'avais jamais vu ni entendu parlé d'Andrea. Normal vous me direz, étant donné qu'il s'agissant de son premier rôle.
Impossible de dissocier Just Kids de ces deux acteurs. Tout d'abord parce qu'ils sont aussi impressionnants l'un que l'autre et notamment parce que c'est à travers eux, leur relation, leur alchimie qu'on entre dans l'univers, le monde de ce duo improbable (pas étonnant d'ailleurs que l'affiche soit une photo d'eux deux).
On n'oubliera pas non plus de mentionner Ana Maria Bartolomei qui depuis la première fois où je l'ai vu à l'écran, ne cesse de m'éblouir. J'ai même été déçue qu'on ne la voit pas plus... En tout cas, malgré le fait qu'ils ne se ressemblent pas du tout physiquement, le trio fonctionne quand ils se retrouvent ensemble, orphelins, face au "monde des adultes" sans pitié.
L'autre détail que j'ai apprécié c'est l'idée que, la vie continue, la construction, l'apprentissage est permanent et que même le deuil n'empêche pas les heures de s'écouler, toujours au même rythme. Ainsi, quand Mathis se met à la photographie, il nous montre, par cette passion nouvelle, qu'il existe, qu'il crée et qu'il n'a pas renoncé à son enfance.
J'ai donc été à la fois bouleversée par le scénario, par le jeu, mais aussi par la photographie que j'ai trouvé particulièrement belle. Les séquences de nuit ont été particulièrement bien travaillées.
Il y a cette ambiance aussi et ces moments partagés où la parole laisse la place aux regards, aux gestes. C'est magnifique de voir ces garçons démunis et qui restent pourtant, forts, tenaces, décidés à ne pas baisser les bras face aux obstacles. Le silence face aux cris, le rire face aux pleurs. C'est juste beau.
Just Kids a été une vraie belle surprise pour ma part. J'ai hésité jusqu'au dernier moment d'aller le voir et, encore aujourd'hui, plus de deux mois après, il me reste toujours cette sensation d'avoir vécu une expérience enrichissante, un instant de cinéma qui restera gravé encore longtemps en moi.
Anecdotes :
1. Le réalisateur s'est entouré d'une équipe jeune : « Je tenais à une forme de virginité, d’appétit. Donner les clés du camion à la jeunesse a enrichi le film. Un technicien installé peut avoir la tentation – je l’ai éprouvé – de vous renvoyer sans cesse au budget […]. La jeunesse a des défauts, mais pas celui-ci, pas celui de l’économie […] ».
2. Christophe Blanc joue lui-même le rôle du père, qu'on aperçoit sur des photos et dans le cauchemar de son fils Jack. Délivrant une histoire qui lui est très personnelle, le réalisateur trouvait normal de se montrer devant la caméra. Ce geste a aussi été cathartique : « Il est si difficile d’apaiser tout ça. Ce film est pour les enfants blessés, réellement blessés, celles et ceux qui l’ont été dans leur jeunesse. Il y en a beaucoup. Et ce film est fait pour dire qu’il existe un horizon ».