Face à un film de Dolan , nombreux sont ceux qui ont besoin de temps, pour savoir ce qu'ils pensent du film, pour se remettre de leurs émotions. Les films de Dolan sont sensés faire quelque chose, quoi je ne sais pas, mais vous atteindre, d'une façon positive ou négative. Et ce film est le premier du réalisateur qui m'a laissée aussi perplexe.
Que vous ne vous mépreniez pas, ce film est bon. Certes, je pense qu'il a été quelque peu surestimé, mais il a des qualités narratives et de mise-en-scène indéniables. Rien que cette scène au début, ce regard entre Marion Cotillard et Gaspard Ulliel, assis sur le canapé: rendre quelque chose de beau et remplis de sens un instant volé supposé banal. Ou la scène de la cabane avec la mère; Dolan n'a pas réglé son complexe d'Oedipe, et c'est tant mieux. Et puis Vincent Cassel. Ce cher Vincent Cassel.
Pourtant, certaines choses dérangent, et sont même plus précisément frustrantes. On sait, en allant voir le film, qu'il porte sur les non-dits, sur l'incapacité de parler, l'incompréhension au sein de la famille. Mais là, j'ai trouvé que c'était trop. Trop de silences, trop de longs plans sur Ulliel, trop de bégaiements de Cotillard (que pourtant, malgré l'agacement qu'elle me porte habituellement, m'est apparue comme superbe dans ce rôle), et surtout trop de dialogues visiblement là pour montrer qu'effectivement, le film porte sur l'impossibilité de se comprendre. Sauf que ça on le savait déjà, pas besoin d'en faire autant.
Je suis partagée face à ce film. Dans un premier temps il m'a frustrée. Puis quand je suis sortie, il m'a touchée plus que je ne l'aurais cru. Mais il reste un petit goût d'agacement (pas seulement là à cause de la présence de Léa Seydoux). Et il n'arrive pas à me quitter.