Avant tout une claque esthétique et émotionnelle. J’ai adoré la lumière et les différents choix de mise en scène. Même la chanson d’O-Zone qui nous ramène 10 ou 15 ans en arrière. Les gros plans mais aussi le jeu théâtral - où tout se joue beaucoup dans les regards, et particulièrement celui de Gaspard Ulliel, incroyable révélation pour moi à travers ce film. J’ai eu plus de mal avec les balbutiements perpétuels, en particulier ceux du personnage interprété par Marion Cotillard. Surprise par Léa Seydoux, qui sort de ses postures habituelles.
Sur le fond, mon esprit sans doute trop rationnel est un peu resté sur sa faim, je voulais plus de détails sur cette histoire familiale, la mort du père, l’adolescence de Louis, sa vie actuelle à l'étranger (?). Finalement, en s’intéressant de plus près à la pièce de Jean-Luc Lagarce que Xavier Dolan a adaptée au cinéma, on établit des connexions et une lecture de cette histoire qui nous est propre. Ce qui est sûr est que les tensions sont intenses ; chacun peut sans doute se reconnaître dans l’envie irrésistible de poser ses couverts et de quitter la table familiale angoissante, envie qui traverse frénétiquement chacun des personnages. Le jeu de Vincent Cassel est excellent dans sa contribution à cette ambiance psychodramatique et criarde.
A cet égard, le contraste entre la lumière, une bande-annonce douce, le parfum de nostalgie, d'un côté, et les insultes qui fusent / la violence verbale et psychologique de l'autre, est frappant, jusqu'à la fin du repas, qui arrive (trop) brutalement et plonge le spectateur dans une torpeur douloureuse.
En somme, très différent de Mommy, mais si original et poignant que je ne pense pas que l’accueil qui ait été réservé à ce dernier film de Dolan soit démesuré.