En lisant le résumé de Juste la fin du monde, j'ai eu la sensation de me faire spoiler le Cliffhanger de fin du film. J'avais tort. J'avais tort car le but du film est justement de nous immerger dans cette situation insoutenable, et cela nous permet de comprendre ou plutôt d'envisager les réactions - ou non réactions - de notre protagoniste.
Et le sujet est passionnant. Passionnant car il touche à la plus grande peur des hommes - la peur de la mort - une peur contrôlable lorsque nous avançons dans l'inconnu. Mais qu'en serait-il si nous savions notre fin proche? Passionnant également car le film parle de la famille, de ses rancœurs enfouies, de l'incompréhensible attraction qui nous pousse à revenir un jour ou l'autre vers nos racines.
Mais alors pourquoi cela ne fonctionne pas complètement ?
Déja, il faut comprendre que le film est une adaptation et non une création originale. Le film suit donc une feuille de route établie par ses dialogues et le caractère prédéfini de ses personnages. Sauf que le rythme du cinéma est différent de celui du théatre.
Ce qui est frustrant - mais voulu par le film - c'est aussi le silence de Louis (Gaspard Ulliel) qui apparaît presque comme un fantôme. Sa longue absence a déchiré sa famille et son retour ne fait que réveiller cette souffrance, une souffrance qui puise sa force de son précédent départ, de ses années gâchées mais aussi de son prochain départ synonyme de nouvel abandon. Au final, ce n'est pas louis qui visite sa famille mais son deuil.
Le casting est un défilé d'acteurs connus pressés d'être dirigés par le virtuose réalisateur canadien, j'avoue qu'il m'a fallu quelques minutes pour oublier les acteurs et ne voir que les personnages. Mais tous s'en sortent très bien avec une mention spéciale pour Vincent Cassel qui après avoir joué pendant les trois quarts du film au tonton relou finit par nous délivrer une fin de film puissante qui perce enfin le silence insoutenable de ces non dits.
Reste qu'il vous faudra imaginer les raisons du départ de Louis et qu'à la fin du film, vous aurez la sensation d'être passé à côté de quelque chose de plus grand.