"Ce que je t'ai promis hier, ça n'arrivera jamais"

Dans cette oeuvre Hong Sang-soo semble ne rien nous promettre, avant que tout arrive.


Pour cette raison, les cinquante premières minutes du film paraissent longues, trop longue même. On a les dialogues qui font le charme de ses films, mais tout reste en surface. Les émotions viennent peu. On voit une femme terrorisée par le futur, très superstitieuse, tentant de se rassurer en essayant de ne penser qu'au présent. Et ce faisant c'est évidemment le contraire qui se passe.

Puis vient la scène du restaurant. Des bouteilles d'alcool vides sont posées sur la table. Si on est habitués aux oeuvres de HSS, on comprend que c'est maintenant que tout va se jouer. Et effectivement, avec les notes de guitare faisant référence à la musique d'un autre de ses films, l'émotion arrive. Enfin, la scène de la révélation, l'épiphanie : la protagoniste n'a plus que quelques mois à vivre. S'en suit un merveilleux plan séquence dans lequel les acteurs ne jouent pas un rôle mais se révèlent. HSS est là profondément bressionnien dans la distinction qu'il fait entre l'acteur et le modèle. C'est pour cette raison que chaque scène, chaque regard, chaque mot est juste. C'est pour voir du vrai qu'on regarde du Hong Sang-soo.


Des cigarettes, de l'alcool, deux acteurs interprétant le rôle d'acteurs/réalisateurs, un fond de guitare et une table. Voilà qui suffit à faire un beau film.

lecleme
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le 26 sept. 2022

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