En regardant ce film, difficile de penser que Maurice Tourneur n'ait pas vu Scarface avant le tournage de cette guerre des gangs, qu'on jurerait américaine. Sauf qu'ici, nous sommes à Marseille, et il n'y a pas Paul Muni, mais Antonin Berval qui joue le rôle de Justin, chef d'un gang qui veut remettre à sa place un Napolitain qui a voulu dérober une cargaison d'opium, ce qui est révélé par la presse, et fait donc mettre en péril la contrebande locale.
Il y a des moments assez surprenants de modernité, comme des plans-séquences, ou un travelling qui suit un personnage traverser une foule, preuve que la caméra mobile commençait à faire ses preuves à l'époque. Il y a notamment une scène formidable où, en un seul plan, Justin doit échapper à la police, et décide d'entrer dans un dancing pour se cacher, et danser tout de suite avec la première venue. Sans oublier le fameux enterrement, qui est lui tourné à la manière d'un film muet...
On sent la grande maitrise de Maurice Tourneur, qui fut le père de Jacques, qui est certainement tirée de son expérience américaine ; néanmoins, c'est toujours amusant d'entendre des peuchère ou des accents marseillais typiques dans une guerre des gangs, avec des gueules pas catholiques.
Il n'y a que la fin que je trouve un peu bizarre, dans son optimisme forcée, mais Justin de Marseille est une très bonne réussite, et dont le rythme donnerait bien du fil à retordre à des œuvres contemporaines.