Près de 20 ans (!) après l'avoir découvert, je revisionne "K-19", fraichement accueilli par la critique à sa sortie, et froidement par le box office. Et je dois dire que je l'ai moins apprécié qu'alors.
Sans doute car le film réchauffe de nombreux clichés du film de sous-marin que j'ai vus entre-temps. La sempiternelle confrontation entre le commandant et le second qui aurait pu/du être commandant ("Running Silent Running Deep", "U-571", "Crimson Tide" pour ne citer qu'eux). Les scènes de descente et de crispation autour d'un cadran ("Das Boot"). Et j'en passe.
Pour autant, il s'agit d'un divertissement honorable, tant sur le fond que la forme. Il fait découvrir un accident nucléaire longtemps caché par l'URSS. Une perte de réfrigérant primaire au sein de l'un des réacteurs du K-19, le premier sous-marin nucléaire soviétique lanceur d'engins, en 1961. Et les actions d'un équipage valeureux, qui a réussi à empêcher une fusion du coeur en palliant l'absence de système de sauvegarde.
Par contre, si vous avez un minimum de connaissances scientifiques sur le sujet, bouchez-vous les oreilles, car pratiquement chaque réplique technique est une aberration. Jusqu'à vendre un risque d'explosion thermonucléaire (!?) pour créer un suspense artificiel !
Néanmoins, Kathryn Bigelow sait gérer son affaire et filmer en huis-clos. Elle montre frontalement les séquelles de l'irradiation à des doses astronomiques. Et elle s'appuie sur quelques personnages forts, et surtout de très bons comédiens, s'il on fait abstraction des répliques clamées en anglais avec un accent russe. Dont évidemment l'opposition entre Harrison Ford et Liam Neeson.
Au passage, les noms ont été changés, mais le personnage de Liam Neeson est basé sur Vasily Arkhipov. Qui a bien servi lors de l'accident du K-19, et qui est devenu célèbre pour avoir refuser de tirer un torpille nucléaire en pleine crise de Cuba, alors que son sous-marin se faisait grenader par les Américains ! Qualifié aujourd'hui "d'homme qui sauva le monde", il aurait bien mérité un biopic. Enfin je rêve, "K-19" ayant probablement coulé au box office car trop russo-centré...