Chaos debout
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Un deuxième film de Fabrice Gobert produit par Canal +, qui finance alors le réalisateur d'une de ses séries phares, Les Revenants, et qui nous montre qu’apparemment, sans scénariste Canal +, un investissement reste un investissement. Parce que K.O, où dans le générique, le crédit du stagiaire scénariste nous inspire quelques blagues très connotées, est un grand navet. Un navet comme on en fait plus en France, où chaque scène nous rapproche un peu plus du propos de Lost in la Mancha, et qui nous plonge dans un tournage K.Otique , mais tellement jouissif. L'occasion de se questionner sur la recette d'un tel fiasco, et qu'est-ce que, finalement, un bon navet.
Le casting
K.O nous inspire tellement de maladresses, à tous les niveaux, qu'écrire une critique constructive serait comme pleurer à cause d'une comédie, ou avoir peur devant un programme pour enfant: insensé. C'est que Laurent Lafite, qui se dégage des acteurs français en ce moment par, justement, son charme à la française et son talent dans ses choix de films, nous vend celui-ci sur les plateaux télé comme "un réel choix d'acteur", une performance, en somme. Et il est vrai que voir un acteur pop française sorti d'à peu près nulle part, pensionnaire de la Comédie Française, tellement juste dans ses récentes performances, toujours chanceux et resplendissant, dans un film aussi creux, où lui-même se laisse embourber dans un néant intellectuel complet, est une petite performance en soi. La deuxième scène du film nous l'avait prédit: un long plan séquence inutile à la mise en scène, qui emmène le spectateur dans une critique sociale digne d'un film des frères Dardenne, du lycée Saint Jean de Passy, terminale L, option cinéma. K.O est un film qui, plus le temps passe, plus il nous laisse admirer tout ce beau casting (Chiara Mastroïani, Pio Marmaï...) englouti dans un océan de fiasco, de mauvais choix et, finalement, de glorieux navet. Un luxe impayable qui nous amène déjà vers un jugement compatissant et affectueux.
La science du navet
Subjugué par la non-présence de tous les acteurs, la mise en scène pathétique, l'inefficacité du scénario, et, bien sûr, l'absence totale de message (héritage d'un choix qui, pourtant, se veut être du nihilisme à la française), le visionnage du film nous plonge pourtant dans une idée toute trouvée pour le sauver, et finalement l'avantage de tout bon navet: rendre le spectateur totalement rétroactif dans la réalisation. C'est à dire que tout spectateur assez masochiste pour compléter le visionnage du film, aura au moins l'envie de l'aider, ou de le réviser, bref de tout changer... C'est pourquoi on se dit très vite que le réalisateur, dans sa responsabilité envers la réussite de son histoire, aurait pu, aurait du, tout modifier, témoin du fiasco de la réalisation en cours, au tournage, et assumer le navet, le monstre, dont il était en train de témoigner de la naissance. Cela aurait alors pu passer par un parti pris totalement WTF où le jeu, faussement juste, des comédiens, aurait pu se transformer en une formidable aventure comique, et où le spectateur, enjoué à cette idée, aurait peut-être compris et se serait conformé à l'audace du réalisateur.
Quoiqu'il en soit, K.O est un gentil navet, où le défaut est partout, et ce n'est pas une morale dangereuse englobée dans une réalisation magistrale, qui nous fait alors purement haïr certains films. Non, ici, on souffre avec le réalisateur, les acteurs et les producteurs. On est témoins du fiasco, et, curieusement, on rit, on s'insurge, on s'exaspère, on pleure, bref, on vit au travers du film malgré lui. C'est peut-être ça la formule d'un bon navet, où l'expérience n'est, en conclusion, pas si désagréable. C'est le non-contrôle de tout, du début à la fin, sans fausse modestie et où personne n'essaye de sauver les meubles. C'est un monstre, indépassable, inclassable et irrévérencieux. On assiste néanmoins peut-être, avec K.O, à la naissance d'une nouvelle catégorie de films dont, je pense, il faut être fier, c'est le navet français moderne. Rare, se voulant auteuriste, et de son temps, c'est la cuisine d'une nourriture de l'esprit à consommer au cinquième degré.
Créée
le 29 mai 2019
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