Laborieux

10 ans d’attente émaillées d’annonces faisant saliver les fans, un marketing massif et une campagne d’avant-première bien ciblée, boosté par la soif des uns et le refus du pass sanitaire des autres. Tout ça, ça donne des attentes de dingue. Et maintenant ? Au risque de me faire écharper, Kaamelott : Premier volet c’est bien, on passe un bon moment, mais c’est quand même décevant.

On commence quand même par les points forts : Alexandre Astier ne se contente pas de faire du fan-service, aucune des blagues les plus célèbres de la série n’est présente. Si le style et l’humour sont là, le verbe se renouvelle. Et rien que ça, c’est clairement un gros point fort du film. Le récit n’est pourtant pas exempt de lourdeur (flash-back) ou de problème de crédibilité (Lancelot) voire de mièvrerie (Guenièvre et la couronne). Mais dans l’ensemble ça se tient encore, on arrive à voir la galerie de personnages complètes sans perdre en fluidité. J’aime beaucoup les décors naturels et leur variété et le travail de lumière. Même si certains éléments de scénarios paraissent un peu incongrus, ils donnent envie d’en voire plus, peut-être au prochain volet, et ça malgré une fin qui pourrait clore toute l’aventure.

Mais à côté de ça, il a pour moi plusieurs choses qui ne passent pas, et en premier lieu, comme beaucoup, la direction artistique côté costumes. Entre les Burgondes, la Duchesse d’Aquitaine et Lancelot, je ne comprends pas où on va, surtout pour une œuvre qui s’était plutôt penché du côté réaliste. C’est franchement peu élégant et quand on ne comprend pas la raison, ça sort franchement du film. Quant aux effets spéciaux, du au budget limité, y a des fois c’est ben, et d’autres, plombés par un choix artistique burlesque comme pour l’épée bleutée c’est carrément moche.

Ensuite, Astier fait jouer tous ses potes et sa famille. C’est cool, ça communique bien, ils se connaissent et y a de la répartie. Mais ils ne sont pas tous du même niveau, et clairement les jeux d’acteurs sont déséquilibrés. Donc parfois, les blagues font tâches, car l’acteur n’est pas au niveau de l’écriture. C’est également renforcé par le décalage de rythme entre format TV court et long-métrage. Ici c’est pas une punchline et générique, il faut tenir la distance. Et malgré une bonne écriture, si la réalisation et le jeu sont bancals, ben le film aussi

Et puis il y a un point aussi. La mécanique humoristique de Kaamelott c’est ce roi intelligent et désinvolte forcé de régner sur une cour d’idiots. J’ai donc vraiment du mal à croire au retour du roi (et Arthur est encore moins chaud qu’Aragorn), alors qu’il pouvait vraiment être libre. Mélanger désinvolture et geste épique, ça fait un truc un peu mou. Face à un antagoniste lui aussi sacrément mou, engoncé dans son costume.

J’aime beaucoup le travail d’écriture d’Astier, mais à de nombreux égards ses choix artistiques (costumes, musiques, accessoires) et les faiblesses du scénario viennent contrecarrer ses ambitions.