J'ai besoin d'écrire cette critique, même si je sais qu'elle mènera pas où que ce soit. C'est juste qu'il me faut sortir ca d'ma poitrine.
J'ai vu Kaboom hier soir et je ne sais pas ce que j'en pense. J'aimerais pouvoir mettre 5,5, pour être à la fois dans les "Ils ont aimé" et dans les "Ils n'ont pas aimé", parce qu'autant je peux donner 3 (mais pas moins) au film et l'expliquer, autant je pourrais aussi lui donner 8, l'expliquer, et croire aussi à chaque mot de mon explication.
J'avouerai que Kaboom est mon premier Gregg Araki après Smiley Face; et comme on m'a dit que Smiley Face était en marge de son oeuvre, on peut dire que c'était mon premier Gregg Araki. Et on m'avait toujours dit que "c'était arraché", que "j'allais adorer" et patati et patata. Bref, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec Kaboom (dont j'avais réussi à éviter les bande-annonces).
Une heure et demie de film plus tard, j'ai l'impression qu'Araki a posé son sexe sur le pavillon de mon oreille et a pilonné mon cerveau avec tendresse, avec le geste assuré de la mère qui confectionne un médicament à son enfant en brisant des graines dans un mortier. Les graines étant ici jouées par ma matière grise.
Six heures et demie après être sorti du cinéma, je me réveille en sursaut, bien avant que mon téléphone ne s'en charge, stupéfait du rêve complètement louche que j'ai fait; rêve dont je n'me souviens plus vraiment mais qui incluait en égales proportions un peu tout c'que j'aime sans transition. Et qui me laisse désorienté au moment d'émerger, pas tout à fait sur de vouloir risquer le sommeil et le retour en Onirie.
Je peux donc remarquer un truc: Kaboom m'a pris. Ca, y'a pas à tortiller. J'étais dubitatif dans la salle, hésitant entre le "MON DIEU CA GERE" et le snobisme légitime du mec qui préfère un truc bien construit à un truc facile. Mais manifestement mon subconscient a choisi son camp. Soit. On rêve aussi de trucs idiots et de mauvais films, donc l'argument n'a pas valeur d'autorité, mais ca mérite d'être noté.
Mais voila, là où Kaboom me rend perplexe, c'est dans sa construction. On dénote pas moins de cinq genres de film au cours du métrage, et même si j'aimerais crier à l'hybride raté qui n'sait pas ce qu'il veut être, les transitions sont tellement ostentatoirement inexistantes qu'Araki avait probablement calculé son coup. Le montage délibérément bizarre appuie cette hypothèse.
Mais je n'peux pas m'empêcher de trouver ca un peu facile.
Mais je n'sais pas, parce que c'est efficace.
Mais, mais, mais,...
AAAAAAARRRRRRRGGGGGGGHHHHHHH!!!!!!!
Bon, en bref, j'admets volontiers plein de qualités au film, entre une maîtrise totale des couleurs, du montage, de pas mal des sujets abordés, de la composition des images, tout ca, Araki nous fait un truc extraordinairement joli qu'on apprécie sans peine ex nihilo, d'autant que les acteurs ne sont pas mauvais du tout et la musique gère la fougère.
En même temps, l'ensemble étant essentiellement fait pour désorienter, on en sort comme on sort d'un tour de montagnes russes: ébourriffé, le souffle court, mais un peu décu quand on regarde par-dessus son épaule et qu'on voit le petit espace réellement occupé par les rails.
Kaboom est beau. Kaboom est efficace. Mais Kaboom est quand même désespérément facile et par moments gratuit, voire putassier selon les sensibilités. Kaboom est donc à lire de toute urgence pour s'en faire une idée propre et rejoindre le clan des violentés du cerveau, à condition d'avoir: du doliprane sous la main, des potes avec qui y aller et avec qui parler du film après-coup (essayer de le raconter à des extérieurs ne peut mener qu'à davantage de confusion) et aucune foi en le tag "interdit aux moins de douze ans" (c'est une vieille idée pourrie d'en faire une sortie familiale avec votre petite soeur fraichement pubère).
En espérant qu'avoir écrit ca exorcise l'effet de ce film sur moi...