À l’été 1923, au bord de la Baltique, Franz Kafka rencontre une jeune institutrice Dora Diamant dont il tombe éperdument amoureux. Il ne cache pas à la jeune femme de 25 ans (il en a 40) qu'il est gravement malade, atteint d'une tuberculose pulmonaire. Dora choisit néanmoins de vivre cet amour. Elle redonne à Franz l'envie et le goût de vivre et d'écrire. Malgré des conditions de vie très difficiles en raison de l'inflation de 1923-1924 à Berlin où il réside, le couple vit une période de bonheur avant l'entrée au sanatorium.
Il ne s'agit donc pas d'un biopic classique mais comme le titre du film l'indique, de la dernière année et plus précisément du dernier été de l'écrivain en compagnie de la dernière femme qu'il a aimée. Le roman dont s'inspire les réalisateurs est La splendeur de la vie (Die Herrlichkeit des Lebens) de Michael Kumpfmüller comme toujours remplacé subtilement par un banal dernier été... C'est en s'imprégnant des écrits de Kafka, ses journaux, sa correspondance que l'auteur a pu déceler que ce dernier amour était sans doute le plus accompli, Kakfa ayant toujours entretenu des relations difficiles avec les femmes. Les réalisateurs se sont donc appliqués à donner à leur film tout l'aspect solaire et rayonnant d'un bel amour partagé plutôt que de s'attacher à la personnalité complexe et sombre de Kafka. Nous le verrons donc éclater de rire, conduire une moto, offrir des fleurs et poser un regard adorateur sur sa Dora. A quelques reprises, l'emprise terrifiante et les rapports conflictuels avec son père seront abordés et la longue lettre (de 100 pages) qu'il ne lui a jamais envoyée et qui résume à elle seule toute l'influence de cette relation avec ce père autoritaire et manipulateur. Ainsi que ce testament littéraire qu'il avait remis à son cher ami Max Brod qu'il n'a pas respecté. Il semble que même de son vivant, Kafka passait beaucoup de temps à détruire ses écrits : "Voici, mon bien cher Max, ma dernière prière : Tout ce qui peut se trouver dans ce que je laisse après moi (c'est-à-dire, dans ma bibliothèque, dans mon armoire, dans mon secrétaire, à la maison et au bureau ou en quelque endroit que ce soit), tout ce que je laisse en fait de carnets, de manuscrits, de lettres, personnelles ou non, etc. doit être brûlé sans restriction et sans être lu, et aussi tous les écrits ou notes que tu possèdes de moi ; d'autres en ont, tu les leur réclameras. S'il y a des lettres qu'on ne veuille pas te rendre, il faudra qu'on s'engage du moins à les brûler. À toi de tout cœur." Franz Kafka
J'ai apprécié le récit sobre et émouvant de ce bel amour tragique où se côtoient la vitalité de la jeunesse de Dora et le rapide déclin de Franz. C'est beau de voir comment les derniers mois de cet éternel anxieux fut illuminé par la joie, le dynamisme et l'amour sincère de cette jeune femme. Ici se révèle tout un pan inconnu de sa personnalité ombrageuse, sa douceur, sa gentillesse, son romantisme.
Et puis les deux acteurs se dévorent littéralement des yeux et nous font croire à leur adoration réciproque. Ils sont formidables même si Sabin Tambrea me semble beaucoup plus beau (un petit côté Ralph Fiennes) que Franz Kafka qui avait le regard sombre et inquiétant, mais les yeux tristes et inquiets de l'acteur conviennent aussi à la détresse du personnage.