Au XVIè siècle, en pleine guerre des clans, Shingen Takeda est mortellement blessé lors de l’assaut sur le château de Noda. Avant de mourir, il donne des instructions à ses vassaux afin que ceux-ci dissimulent la mort de leur leader durant trois ans, le temps que la relève puisse être assurée par son petit-fils. Les généraux vont alors utiliser un simple voleur, très ressemblant physiquement au défunt chef de clan, et user de nombreux stratagèmes afin de faire croire à tout le monde que Shingen est toujours en vie. Ils vont façonner la vie du kagemusha afin que le mimétisme soit parfait. On aurait pu parler de "vassaux-constructeurs", mais je n’irai pas jusque-là...

DAIMYO EN MIEUX !
Toujours est-il qu’il y a du travail, le voleur n’ayant ni le caractère, ni les manières du défunt daimyo. Et c’est là que la mise en scène de Kurosawa fait merveille. Petit à petit, il bâtit son récit autour de cette imposture. On découvre les réactions de l’entourage du prétendu Shingen, celles-ci sont diverses, et malgré les réticences, le choix de mener à bien cette ruse ne sera pas sans conséquences pour le clan. Tatsuya Nakadai, qui interprète Shingen et le kagemusha, est étincelant dans ce double rôle, aux antipodes l’un de l’autre. La doublure évoluera d’ailleurs tout au long du récit, rendant la performance de l’acteur d’autant plus remarquable. Les autres acteurs ne déméritent pas, même si c’est le talent de Nakadai qui explose à l’écran.

LES TROIS MOUSQUETS ERRENT
Etincelante, la réalisation l’est aussi. Des plans longs (un peu trop parfois ?), de superbes compositions, des costumes et décors qui nous ramènent à l’époque Sengoku. Akira sort le grand jeu, dans cette confrontation avec d’un côté Takugawa Ieyasu et Oda Nobunaga (ce dernier règne alors en maître sur Kyoto), et Shingen de l’autre, au travers du clan Takeda, son fils, et du kagemusha. Espionnage, complots, assauts sanglants, rien ne manque, et le tout sera agrémenté d’une bande son sachant se montrer épique dans les moments clé.

A noter que Francis Ford Coppola et George Lucas sont producteurs exécutifs de la version internationale de ce "Kagemusha", film maintes fois récompensé. Une fois encore, Kurosawa l’artisan, tranche dans le vif et envoie le spectateur au sol, rappelant au plus grand nombre ce qu’un carreleur fait aux dalles, prenant soin de n’en laisser aucun sur le carreau.
Gothic
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le 5 janv. 2014

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