Qu'est-ce qui différencie un manège pour enfant d'un manège pour adulte ? Vaste question suivant qu'on parle d'un truc qui tourne sur soi ou d'un truc qui suit une ligne, d'un carrousel ou d'une montagne russe en gros. Quand même, on peut peut-être affirmer qu'il y aura une différence de vitesse, qui sera compenser dans le manège pour enfant par la mise à contribution de l'imagination volontaire de ce dernier.
Dans ce film la caméra est soit l'axe du carrousel, soit la ligne du wagon, en gros elle est le regard impassible du manège sur l'homme.
Les caméras fixes nous traduisent le tournis des hommes, celles en mouvement (de longs plan-séquences) en traduisent la linéarité, le monde est autant fait de fantômes motivés, que de flux et de coordonnées. Les pitchs touristiques, vaines tentatives de réduire le paysage, se mêlent aux réminiscences d'anciens qui ne nous laissent pas tant qu'on le voudrait (ou pas) le choix de l'émancipation.
Le tractopelle qui descend d'une remorque vers le sol, plante d'abord sa pelle devant pour s'avancer, puis s'accroche derrière, pour atterrir.
Les plans de caméra sont autant de mouvements qui captent des mouvements, ces mouvements internes donnent du sens, comme de petites vérités qui font démonstration, autant de sens qu'il y a de faces sur une boule à facettes qui multiplie les angles,
les montagnes sont des ombres de montagnes, les émotions dans l'âme s'ouvrent comme des nénuphars
quand il n'y a plus que le mouvement de la caméra sans protagonistes, ni deutéragonistes, le silence se fait pesant, et semble dire le vrai, terrifiant. Et parfois dans d'énormes longueurs, un flash se fait, une apparition, une rencontre amoureuse, une confidence, un cadeau qui a du sens.