Non mais attendez, hier soir il m'est arrivé un truc de dingue : j'ai regardé un film d'épouvante et à certains moments j'ai VRAIMENT flippé ma race. Parce que je sais pas vous, mais moi ça fait des années que ça ne m'était pas arrivé d'avoir vraiment peur devant ce genre de films, et j'attendais en vain celui qui parviendrait à provoquer de nouveau ce sentiment... J'en ai vu pas mal pourtant, des bien gores, des très angoissants, mais effrayants à ce point, rarement. "Kaïro" m'a surpris à ce niveau-là, et rien que pour avoir réussi à faire disparaître ce détachement que j'ai devant la plupart des films d'horreur, il mérite le respect.
Aidé par des musiques et bruitages carrément stressants, Kurosawa fait mouche avec cette réalisation qui s'apparente un peu à un mélange des genres (drame, épouvante, fantastique, post-apocalyptique...). A l'heure où tout le monde s'inquiétait d'un éventuel "bug de l'an 2000" qui allait provoquer, croyait-on, un chaos informatique, le voici qui nous en livre une interprétation surnaturelle et très personnelle en forme de contre-pied, qui replace l'Homme au centre du débat. La thématique abordée, même si elle reste assez floue, place en effet internet et les ordinateurs comme déclencheurs d'une vague de suicides qui se répand comme un virus. Déclencheurs également d'un malaise social (isolement, manque de communication, perte de repères...), avec des effets secondaires pour le moins inquiétants que je vous laisse découvrir. Mention spéciale donc pour ce point de vue original, pour la peur omniprésente malgré la quasi-absence d'effets spéciaux (c'est sûrement ce qu'on appelle le talent !) et pour l'atmosphère horriblement oppressante qui se dégage de cette oeuvre de Kurosawa.
En fait, la seule chose un peu dommage, c'est qu'il y a un type, après une première heure magistrale, qui vous spoile à moitié l'heure suivante en livrant son explication du phénomène, explication dont il aurait hélas fallu se passer... Du coup, même si ça reste plaisant à suivre, l'ambiance devient plus délétère. C'est d'autant plus dommage que si elle s'était maintenue ainsi du début à la fin, on tenait l'un des meilleurs films d'épouvante de tous les temps.
P.S. : seuls les fans des Cure comprendront le titre de ma critique... Si c'est pas malheureux.