Disons le clairement, ce n’est pas du point de vue scénaristique que le film donne le meilleur de lui-même, c’est plutôt conventionnel, quoique j’ai bien aimé le côté Homérique de la quête du héros, mais c’est dans le bouillonnement d’idées de mise en scène de l’action que ce film prend des allures de blockbuster super badass.
3ème film du réalisateur/scénariste tamoul Lokesh Kanagaraj, Kailhi, que l’on traduira par « Prisonnier », est l’un de ces plaisirs coupables que l’on prend à se taper un gros film bien bourrin tout en continuant, malgré tout ce que l’on s’est tapé avant, à être bluffé par la façon d’innover en permanence tout en recrachant ses influences, clairement le cinéma d’action américain, de façon tellement viscérale que l’on considérera qu’il s’agit de générosité passionnelle de la part du réalisateur.
Il y a de ces moments qui m’ont fait vibrer sur des séries B hongkongaises comme Tiger Cage 2, du genre qui vous mette dans une sorte d’état second, assimilant sans sourciller des moments qui pourraient aisément sombrer dans le ridicule, tout en se focalisant sur les idées de dingue qui viennent contrebalancer les facilités scénaristique, que j’ai retrouvé dans ce film. Donc, rétropédalage, contrebalancement spatio-temporel qui me remet dans la peau du fan de cinéma de bastons hongkongais. Et là c’est simple, j’oublie tout ce qui ne va pas, des ficelles grosses comme ça, une certaine mièvrerie, ou disons ce que nous, cyniques occidentaux, considérons comme telle, scénario compressé, et tout le toutim… pour me laisser mener par le bout du nez par certains morceaux de bravoure.
Il y a des idées de dingue dans ce film : une espèce de traveling avant où la caméra traverse tous les véhicules, comme une ogive qui tracerait sa route, la scène de traversée de l’espèce de bambouseraie, l'attaque à la canette... ! Du gros cinéma bourrin superbement mis en image et un foisonnement d’idées de mise en scène, avec une photographie très au-dessus de la moyenne - un cinéaste qui sait filmer des scènes nocturnes quoi…-, pour un spectacle, certes décousu, et un schéma narratif absolument conventionnel, mais qui à au moins le mérite d’aller à l’essentiel.
Et pour conclure, j’avoue avoir ressenti une certaine émotion devant cette montagne de muscles se mettant à genoux devant une petite fille… je sais… en tout cas il est une évidence, à l’heure où le cinéma d’action américain, ou hongkongais d’avant tonton mainland que nous avons tant aimé, sombre corps et âme, il me semble qu’il y a quelque chose qui se passe aux Indes, c’est certes souvent convenu, mais c’est incroyablement vivant. Et ça met de la couleur sur nos écrans…