A chacun son Everest

Je ne connaissais pas du tout l'influenceur Inoxtag ni son impact sur les réseaux sociaux auprès des jeunes générations, mais en tant qu'amoureux de la montagne je ne voulais pas manquer, sur grand écran, le pari fou de cet homme ignorant tout du sport, de la nature et de la montagne, et qui se donne un an pour gravir l'Everest, vérité ou fake ?

En observant la ferveur d'une salle comble de plusieurs centaines de jeunes d'une vingtaine d'années ou moins, j'ai pu mesurer l'attente de fans du Youtubeur pour le visionnage de ce documentaire passionnant par la beauté et la réalité majestueuse des paysages de montagne filmés en Europe et au Népal, l'utilisation irréprochable des techniques modernes d'ascension, caution de sérieux apportée par le sponsor The North Face, omniprésent, et qui n'avait pas le droit à l'erreur en la matière, mais aussi la qualité de la réalisation de Basile Monnot avec une bande son impressionnante distillée avec justesse et digne des plus grands suspens !

Que ce soit dans le massif du Mont-Blanc, jardin féérique, comme disait le célèbre Gaston Rebuffat, avec une ascension très réaliste de l'emblématique Dent du Géant, ou lors de l'acclimatation préparatoire à la très haute altitude à l'Ama Dablam au Népal (6812 m), citée comme la plus belle montagne du monde (et figurant d'ailleurs sur l'affiche du docu), offrant certainement les plus belles et impressionnantes images du film, ou bien lors de l'ascension de l'Everest proprement dit, le toit du monde à 8849 m, tout passionné de montagne ne peut être qu'admiratif devant la qualité de ce documentaire !

Mais le plus bluffant est sans doute l'aventure humaine et les messages percutants distillés tout au long du métrage par l'influenceur à destination de ses abonnés, leur demandant de se déconnecter de leurs écrans (et donc de moins regarder ses vidéos notamment...), et de VIVRE leurs projets et leurs passions fussent ils moins ambitieux que gravir l'Everest, peu importe !

Pour cette aventure, Inoxtag s'est entouré de toute une équipe de professionnels, à commencer par le jeune guide de 29 ans Mathis Dumas, et sur place de sherpas, c'était indispensable pour réussir, mais il a su y croire en jouant le jeu de la préparation démentielle que cela a représenté : sans doute qu'au-delà du projet et de ses enjeux financiers, l'influenceur avait vraiment besoin de se défaire lui-même de ses écrans, et de se reconnecter à la vraie vie et à la nature !

En tout cas, le rôle modèle qu'il joue auprès de ses abonnés est ici assez joliment rempli, comme quoi les réseaux sociaux sont utiles dans un monde devenu tellement instable pour les jeunes générations, en les aidant à mettre du sens dans leur vie et à croire en l'avenir, c'est rassurant !