Le documentaire de Basile Monnot, censé relater l’épopée d’Inoxtag, un jeune YouTuber de 21 ans qui décide de gravir l’Everest en un an sans aucune expérience sportive préalable, est une véritable catastrophe, tant sur le fond que sur la forme. En suivant ce récit, on assiste surtout à l’un des pires exemples d’autocélébration d’un millionnaire des réseaux sociaux qui, sous couvert d’un prétendu exploit, nous vend un rêve complètement déconnecté des réalités du commun des mortels.
Le premier problème majeur de ce documentaire est l’absence totale de profondeur ou de véritable réflexion. Inoxtag, un jeune homme devenu riche et célèbre grâce à son contenu en ligne, décide du jour au lendemain de gravir l’Everest, et le public est invité à voir cela comme un “exploit héroïque”. Pourtant, il est difficile de se sentir inspiré par quelqu’un qui a à sa disposition des ressources financières considérables, permettant de se payer un encadrement professionnel, des équipements de pointe, et même une armée de sherpas pour l’accompagner. Ce documentaire, en réalité, illustre davantage le privilège qu’un véritable dépassement de soi. À travers les “leçons de vie” du protagoniste, on assiste plutôt à un déploiement de clichés sur la persévérance et la détermination, qui sonnent creux face au fait que cet exploit n’aurait jamais été possible sans son immense fortune.
L’ironie ultime réside dans la scène où, après avoir atteint le sommet, Inoxtag s’exclame “Je l’ai fait putain !”, sans même reconnaître le travail acharné et les sacrifices des sherpas qui l’ont accompagné tout au long du périple. Pire encore, cette séquence laisse une impression amère, renforçant l’idée qu’il s’agit plus d’un caprice de millionnaire en mal de sensation que d’un véritable défi humain. Cette déconnexion est d’autant plus palpable que la production elle-même semble blindée de sponsors, y compris des marques qui, paradoxalement, prônent la “déconnexion des écrans” alors même que ce documentaire sera probablement consommé sur… des écrans.
Enfin, le véritable problème de fond de ce film réside dans son message biaisé et trompeur. “Tout est possible” devient ici une phrase vide de sens, surtout quand elle provient de quelqu’un qui dispose de moyens que 99 % de la population n’aura jamais. Le documentaire passe totalement à côté de la vraie “leçon de vie”, celle des milliers de personnes anonymes qui se lèvent à l’aube pour accomplir des tâches essentielles, invisibles, mais pourtant cruciales pour le bon fonctionnement de la société. Contrairement à l’exploit artificiel d’un influenceur privilégié, ces individus n’ont pas la possibilité de se lancer dans des défis extravagants pour tromper l’ennui.
En conclusion, “Devenir alpiniste et gravir l’Everest en 1 an” est un documentaire qui échoue à susciter l’inspiration ou la réflexion. Il incarne tout ce qui est problématique dans la glorification d’un certain type de succès superficiel, déconnecté de la réalité de la plupart des spectateurs. Ce projet, aux antipodes de la modestie et de l’authenticité, mérite amplement un 1/10.