Bien qu'inspirant, le film retrace une épopée répétitive dans la façon d'exposer ses péripéties. D'autant plus que le dépassement de soi, qui est pourtant au cœur du sujet de la vidéo, n'est pas à mon goût suffisamment mis en avant. Par exemple, au bout de 20 minutes, Inoxtag a déjà gravi le Mont Blanc. Pour lui, c'est 25 secondes d'images. Pour d'autres, c'est le défi d'une vie. Passé ce moment, je n'avais aucun doute sur la finalité de l'expédition vers l'Everest.
J'aurais aimé un traitement plus profond. Que pense-t-il des victimes qui périssent au cours de l'ascension ? De l'intérêt de se lancer un énième défi qui cette fois pourrait être mortel pour lui et son équipe ? Des questions survolées pour laisser place avant tout à un divertissement destiné à être aussi vite consommé (et oublié ?) que la dernière vidéo de Squeezie ou bien celle de Joyca. Les thématiques s'assombrissent et gagnent en intérêt vers la fin du "vlog-documentaire" qui malheureusement se finit trop tôt pour me satisfaire.
Néanmoins, il y a aussi du très bon dans cette vidéo. Premièrement, la réalisation est impeccable. Les images sont à la fois sublimes et immersives. Les plans au drone sont époustouflants et il en va de même pour la performance de pouvoir les réaliser dans de telles conditions. Inox est évidemment sympathique mais je dois quand même avouer que ce n'est pas si simple de s'identifier à lui.
En effet, cette ascension n'est pas vraiment celle de madame ou monsieur tout le monde. Pour reprendre l'introduction du documentaire, j'ai beau être né en 2002, jouer à minecraft et faire des vidéos sur internet, comme beaucoup, je n'ai pas les moyens, les contacts et la prédisposition pour pouvoir suivre son entraînement et payer toute la logistique qu'implique une telle aventure. Mais cet argument n'est ni reproche ni un défaut puisque c'est justement un des aspects qui a poussé ma curiosité à regarder cette vidéo dépaysante et pleine d'humanité. Je voulais suivre une aventure que je ne pourrais vivre.
Sans vouloir paraître trop aigris ou moralisant, lorsque je vois ce genre de contenu, je me demande en fait quelle est la suite ? Mais qui sera donc le premier YouTubeur à aller sur la lune grâce à NordVPN ? Qui sera le premier influenceur à devenir pilote de ligne en 365 jours ? Ou à escalader à main nue la Tour Eiffel ? Ce vlog XXL se trouve n'être selon moi qu'une jolie pierre de plus dans le paysage web français où l'exposition de la vie des personnalités sous la forme d'une télé-réalité grandeur nature continue toujours plus de fasciner le public. Ils se doivent de constamment repousser les limites afin que le scénario de leur vie soit assez intéressant pour qu'il mérite d'être partager aux autres.
Finalement, cette vidéo montre que même en ayant la santé, les proches, l'argent et la célébrité, l'être humain cherchera encore son bonheur dans des quêtes pour réaliser l'impossible et/ou avoir ce qu'il ne possède pas encore. Et si l'on peut faire de cette liste d'objectifs faussement impossibles notre gagne-pain, on ne va pas s'en priver. Pour faire plus simple : ce projet est une sorte de caprice de star ironiquement auto-financé par l'engouement de sa communauté.
Le YouTubeur nous invite maladroitement à plusieurs reprises à nous couper de nos téléphones qu'il voit lucidement comme une drogue. Sauf qu'il ne pense à aucun moment à se remettre en question quant à son implication dans cette addiction. Il semble omettre que cet attrait populaire et souvent excessif pour internet est en grande partie la source de son succès et participe indirectement à l'existence de ce web-documentaire. Comment lâcher son smartphone quand on nous propose une super production d'une durée de 2h30 qui sera ensuite découpée en tiktok, reels, réacts twitch, critiques YouTube etc.
Inoxtag conclut la vidéo avec cette phrase "J'ai réalisé mon rêve". Je conclurai ma critique en rajoutant "jusqu'au prochain".