Véritable phénomène au Japon, l'adaptation déjantée de Conte de Shimotsuma, un célèbre roman de Novala Takemoto, propose des effets visuels détonants. Malgré un flou scénaristique indéniable, le film de Tetsuya Nakashima fascine. Mais il aura du mal à trouver son public en France.
«La vie est une illusion. Un monde de rêve où on doit plonger !» dixit Momoko, une jeune fille douce fanatique du Rococo. La lolita vit dans son univers, fait de douceurs et de dentelles. C'est un peu par hasard qu'elle fait la connaissance d'Ichiko, une bad girl membre d'un gang de filles en scooters. Va alors naître une improbable amitié, fil conducteur du film. Mais si Kamikaze girls souffre d'un flou scénaristique qui en découragera plus d'un, l'originalité de l'œuvre réside surtout dans la mise en scène : frénétique, inventive, faisant appel à des séquences animés. Une claque visuelle.
Cet univers déjanté plaira aux amateurs de mangas, car l'ambiance du long-métrage s'en rapproche. La bande-originale est d'ailleurs l'œuvre de Yoko Kanno, compositrice des musiques de célèbres mangas animés sortis au cinéma comme Ghost in the Shell ou Cowboy Bebop. La forme du film ne plaira donc pas à tout le monde. Elle suscitera des réactions antagonistes et passionnées, à l'image de Domino de Tony Scott, il y a quelques mois.
Si Kamikaze girls a rencontré un succès retentissant au Japon, c'est tout d'abord parce qu'il traite d'un véritable phénomène de mode au pays du Soleil-Levant. Des milliers de lycéens se rebellent contre les traditions en adoptant une tenue vestimentaire audacieuse les week-end. Ils ont donc logiquement adhéré au propos du film. Cet univers ultrakitsch fait tout l'intérêt de Kamikaze girls.
Autre clé de la réussite : les deux actrices principales, Kyoko Fukada et Anna Tsuchiya, véritables stars au Japon. Kyoko Fukada est un véritable phénomène au pays du Soleil-Levant. En parallèle à sa carrière de chanteuse, elle s'est révélée au cinéma dans Ring 2 avant de devenir une star grâce à son rôle dans Dolls de Takeshi Kitano. Anna Tsuchiya s'est d'abord fait connaître grâce à la musique avant de faire ses premiers pas dans le septième art grâce à The Taste of tea, film d' Ishii Katsuhito présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Tetsuya Nakashima a choisi de leur laisser beaucoup de libertés, bien lui en a pris. «Je leur ai demandé d'en faire des tonnes, de ne pas avoir peur du ridicule» explique-t-il. Un résultat à la hauteur du film : décalé, mais jouissif !