Dédié par Imamura à la mémoire de son père, médecin de famille qui, comme le "Dr. Akagi" - et comme le lapin d'Alice courant après le temps - voyait le sacerdoce du médecin de famille comme un combat permanent, voici un film aussi rageur qu'enchanté sur la résistance contre la bêtise et l'ignorance. Une bêtise et une ignorance représentées ici par le pouvoir nippon (et son armée), refusant de se rendre en 1945 alors que la guerre est perdue, et entraînant son peuple dans le malheur, symbolisé pour ce petit docteur obsédé et bondissant, par une épidémie d'hépatite C. A son habitude, Imamura réserve sa tendresse et son humour à une petite troupe hétéroclite et déjantée, et se passionne pour les femmes qui vendent leurs corps, auxquelles il consacre des séquences magnifiques de sensualité et d'appétit de vivre. La fin, évoquant Moby Dick, arrachera des larmes de bonheur et d'ivresse aux plus endurcis, et nous fera regretter plus amèrement la disparition en 2006 de ce génie que fut Imamura. [Critique écrite en 2007]