"En réalité, le catch est une discipline puissante" Kazushi Sakuraba
Le dernier volet de la trilogie commence sur des chapeaux de roues. Oyama pénètre dans un Dojo plein à craquer et abat impitoyablement la centaine d'artistes martiaux présents. Mélange de Kill Bill et de Once Upon a Time in China 3 avant l'heure, le tout avec le style brutal qui caractérise les combats made in Chiba, la séquence est superbe et fait espérer le meilleur pour la suite. Parallèlement, la conclusion du film fait un bel écho à cette magnifique ouverture à travers l'expression aussi bien visuelle que verbale de la profession de foi d'Oyama. Une véritable déclaration d'amour pour le Karaté servie par une réalisation sobre mais esthétique de Yamaguchi.
Dommage qu'entre ces deux moments intenses, il y ait un film avec tous les défauts récurrents de la série : Histoire décousue, personnage d'Oyama mal défini et débordements bis. Car dans un mouvement de surenchère exploitationniste, Yamaguchi ne trouve pas de meilleure idée que d'opposer Oyama à des catcheurs ! Malgré tout le respect qu'on peut avoir pour cette distrayante discipline, montrer des catcheurs comme des guerriers ultimes est tout simplement risible. Cela ne pose en tout cas aucun problème à Yamaguchi qui, une nouvelle fois, met en scène les combats le plus sérieusement sans se rendre compte du coté ridicule de la situation (il n'y avait que lui pour oser en rajouter une couche avec les noms des techniques qui apparaissent à l'écran !). On ne peut cependant pas contester une certaine valeur ajoutée "fun" lors de ces affrontements, assurant le spectateur de ne jamais s'ennuyer. Bien emblématique des forces et faiblesses de la série. Le reste du scénario recycle avec de légères variations les situations des deux précédents opus. A la place du gamin de Karate Bearfighter, on a ici droit à une petite bande de 4/5 enfants. En lieu de la belle Chiyako, Karate for Life lui substitue une prostituée de service (personnage hautement apprécié durant les années 70 !) avec le même type de relation romantique avortée. Ni original, ni bien traité, ces moments sont parmi les plus poussifs du film.
Plus intéressant est la vague intrigue directrice censé faire tenir le film en un tout cohérent. Evidemment, tout comme c'était le cas dans Karate Bullfighter et Karate Bearfighter, l'intrigue en question respire l'artificialité et ne passionne réellement à aucun moment. Mais elle a le mérite de se différencier des précédentes à travers un repompage direct d'Enter the Dragon ! Une curiosité. Ainsi, tout comme Bruce Lee avait droit à deux co-héros, Chiba se voit adjoindre les services d'un autre expert en arts martiaux (de judo). Les compétitions de catch à Okinawa font elles office de tournoi sur l'île de Mr Han. L'inspiration devient encore plus flagrante avec le final où Chiba rejoue quasiment telle qu'elle la séquence des miroirs du dernier film de Bruce Lee. Tout cela pu l'opportunisme commercial mais cela permet au moins de fournir de nombreux prétextes aux affrontements martiaux. Et même si les combats ne retrouvent jamais la puissance de la scène d'introduction, ils sont d'un bon niveau général, brutaux et violents à souhait. Toute l'attaque de la maison des bad guys par Oyama et son compère mérite ainsi largement le coup d'œil pour les fans d'action.