Cette chronique du fin fond de l’Amérique rurale vaut avant tout pour son beau personnage principal. Un magnifique portrait de femme comme en voit peu au cinéma. Olivia Cooke incarne la Katie du titre avec un naturel désarmant, petit bout de femme dont l’optimisme imperturbable et la candeur sans faille impactent avec bonheur un film très rude et triste. Elle porte à bout de bras un personnage pas facile qui aurait très vite pu sonner faux ou se révéler insupportable de naïveté. Mais, au contraire, cette Katie est lumineuse et elle rayonne sur « Katie says goodbye » à tel point qu’elle parvient à rendre ce film triste et parfois glauque plutôt solaire. D’ailleurs, on effleure une certaine complaisance parfois, voire un certain misérabilisme, pour ne pas y sombrer de justesse. A un moment, on a l’impression que tous les malheurs du monde vont tomber sur la jeune femme. Mais, fort heureusement, les sublimes dix minutes finales s’avèrent chargées d’une belle émotion ; elles sont presque envoûtantes laissant au film quelques notes d’espoir et d’humanisme. Cette conclusion magnifique contrebalance la sinistrose ambiante. Rien que pour ces quelques scènes de clôture, le film mérite d’être vu.
Sinon à part ça il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent avec le film de Wayne Kramer qui ne fait que radoter ce que des centaines de films indépendants américains nous ont déjà proposé, en bien ou en mieux c’est selon. Que ce soit au niveau du décorum général, un no man’s land joliment filmé dans le désert de l’Arizona mais déjà mille fois vu, des personnages qui le peuplent, des rednecks sans autre ambition que celle de survivre et habités pour la plupart par une bêtise crasse, ou encore de l’histoire, en gros les velléités d’une vie meilleure, tout semble être le fruit d’un recyclage cinématographique malhonnête et privé d’une quelconque inspiration. Même la morale finale, bien que joliment emballée comme on l’a vu plus haut, n’est pas bien originale quand bien même elle fait du bien après tant de tristesse et de malheur cumulés. Et la philanthropie de Katie, bien qu’elle soit la soupape de décompression du film, apparaît peu crédible par moments. Il n’y a donc rien de bien nouveau sous le soleil de l’Amérique profonde et de ses habitants ordinaires, juste un nouvel avatar du cinéma d’auteur américain sans grande surprise. Ni plus, ni moins.
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