Depuis plusieurs décennies, les chats occupent une place prépondérante au cœur de la capitale économique de la Turquie, au point même de devenir un atout touristique (un phénomène comparable à l’île d’Ao-Shima au Japon qui compte plus de chats que d’habitants).
A l’images des vaches sacrées en Indes où la population a appris à vivre avec elles, à prendre soin d’elles et à tenter (tant bien que mal) de cohabiter, on peut sans le moindre mal faire un parallèle avec Istanbul où le chat y est presque aussi sacré et où les bonnes âmes sont nombreuses à leurs venir en aide. Car si les chats sont aussi nombreux à vivre dans les rues de la ville, c’est parce qu’ils sont tous livrés à eux-mêmes, aucun maître, aucune attache particulière, ils vont et viennent et au fil des siècles, ils ont appris à cohabiter avec l’Homme.
Pour mener à bien son projet, la réalisatrice Ceyda Torun est allée à la rencontre de divers habitants d’Istanbul pour nous restituer des histoires et autres anecdotes qui unissent aussi bien les citoyens que les félins. Chaque histoire s’avère différente des unes aux autres avec néanmoins un point commun : la présence du chat. De la vendeuse de prêt-à-porter en passant par le pêcheur qui prend soin d’une portée de chatons, du restaurateur qui compte sur son chat pour le débarrasser des souris en passant par les innombrables bons samaritains qui prennent soin des chats des rues.
« Un chat qui miaule à vos pieds, qui lève son regard vers vous, c’est la vie qui vous sourit. »
Les matous se suivent mais ne se ressemble pas, la grande variété des races est due au fait que la ville, lorsqu’elle servait essentiellement de port de transit de marchandises, à cette époque, les marins avaient pour habitude de toujours avoir un chat dans la cale de leurs navires pour chasser les rats. Bien évidemment, à chaque escale ils se faisaient la malle, ne faisant que grossir les rangs au sein de la capitale turque.
Avec l’aide de celles et ceux qui les côtoient, la réalisatrice parvient à nous dépeindre la personnalité de quelques chats errants, qui vont et viennent à leur guise chez les commerçants. Sarı, Bengü, Deniz, Gamsız ou encore Duman, chacun à son petit caractère. Entre les bagarreurs, les fainéants, les caractériels, les fins chasseurs et ceux qui préfèrent s’adonner aux câlins, on retiendra plus particulièrement celle qui est affectueusement surnommée la « psychopathe du quartier », parce qu’elle règne en maître face aux chiens.
Kedi : Des Chats et des Hommes (2017) est la fois un beau et tendre documentaire, qui devrait aisément plaire aux félinophiles invétérés (tel que moi), mais pas que ! Il n’est pas nécessaire d’être un féru de chats pour pleinement y adhérer et tomber sous leurs charmes.
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