Ce titre un peu injonctif est parfait pour évoquer le ton professoral employé pour nous transmettre l’héritage du griot, ménestrel tropical de son état, passeur de savoir traditionnel dans le Burkina Faso qui se modernise.
Dans le format d’inspiration européenne, les inserts sur le sujet du monde occidental manquent souvent de justesse tant ils sont ostentatoires, et faussent un peu la donne. Heureusement, d’autres procédés sont géniaux : l’histoire dans l’histoire, tour à tour portée par la voix du griot puis par celle de son jeune auditeur quand elle n’est pas tout bonnement filmée, tissent un fil rouge fantastiquement efficace pour vraiment nous faire réaliser à quel point il est nécessaire de comprendre l’emboîtement de la France et de sa langue dans le Burkina Faso et ses langues.
Sachant prendre du recul tout comme faire preuve d’humour (les spaghettis ? Un repas de Blanc ; des « sapaktis » pour le griot venu de la savane), Kouyaté mitonne de pures merveilles de dialogues même s’il ne sait pas trop comment se sortir des civilités proprement, ni traduire un rythme jour/nuit dans le langage cinématographique africain encore laissé aux mains du financement d’outre-Méditerranée.
On finit par vivre l’expérience d’une épopée entière, une légende africaine que notre cerveau peu habitué compare bêtement aux couleurs de Bollywood, pour la bonne raison qu’elles ont en commun l’aisance belle et exotique.
Quantième Art