Les temps, comme les oeufs, sont durs
Dans la famille "causes perdues", je demande le film Ken le Survivant. Cette adaptation en DTV du célèbre manga/anime de 1995 fait à peu de choses près l'unanimité contre elle. Et pourtant... si on le replace dans son contexte de production et qu'on ne s'attend pas à une production d'envergure, on peut apprécier cette petite série B divertissante.
Pour rappel donc : L'adaptation en question est une production essentiellement Américaine dotée d'un budget réduit (environ 10 millions de$).
Des données de départ qui n'incitent pas à la confiance. Les quelques tentatives Américaines d'adaptations de mangas se sont quasiment toujours révélées des ratages complets. Et si recréer le monde post apocalyptique de Kenshiro ne nécessite pas un budget de blockbuster, certaines des visions de l'auteur (villes en ruines, palais mégalomanes...) impliquent des dépenses conséquentes. Ajoutons à cela que 95 % des films d'arts martiaux américains pré Matrix ne savent pas filmer les combats à mains nues (hors l'enchainement de bourre pifs).
Or, première bonne surprise, le film respecte à peu près l'histoire du manga. Bien sur, en tant qu'adaptation d'une saga fleuve, de nombreux éléments ont été élaguer. L'intrigue conserve uniquement la trame principale du premier volume, tout en simplifiant nombres d'histoires et personnages secondaires. L'essentiel scénaristique demeure bien présent.
Deuxième bonne surprise : l'esprit du manga a été conservé. Le film baigne ainsi, du début jusqu'à la fin, dans une ambiance noire et désespéré, pas si courante dans le cadre d'une série B US. Le réalisateur a fait le choix (discutable) de tourner entièrement en studio. Si cela empêche l'existence de tout plan large, cela lui permet de contrôler sa palette de couleurs et conserver de bout en bout ce visuel noire. Un choix cohérent à défaut d'être pleinement satisfaisant.
Dans le même ordre d'idée, le gore est bien présent. Tortures de Ken, crânes qui explosent, on retrouve la gamme d'effets sanglants qui ont contribués à la grande popularité du titre.
Dernière bonne surprise : La musique est étonnamment soignée. Presque trop... elle est parfois trop réussie par rapport aux images qu'elle illustre.
Pas d'illusions à avoir par contre sur les combats. En dépit de quelques efforts faits sur les chorégraphies, la réalisation maladroite et le montage pachydermique empêchent à ces séquences d'avoir le punch attendu.
Le choix de Gary Daniels comme interprète de Kenshiro a souvent été raillé. Certes, le kickboxer Anglais n'a pas fait l'actor's studio et ça se voit. Mais n'oublions pas que l'on parle de Kenshiro ici. Un personnage qui déploie autant d'émotions en 10000 pages qu'une souris morte en 20. Daniels a le mérite de composer un Kenshiro physiquement crédible et fait des efforts sincères pour lui donner un peu d'humanité.
Le reste du casting est plutôt convaincant. Tout au plus peut on reprocher la présence inutile de Malcolm Mac Dowell, en plein cachetonnage, et le choix de Costas Mandylor pour interpréter Shin, un acteur correct mais incapable de lever la jambe convenablement.