• Revu en juillet 2014 (-1 point) :
Kick-Ass 2 c'est un peu l'exemple d'une suite qui perd de son charme british pour un ton plus américain. S'il garde la formule trash et débridée des superhéros réels - soit de simples gars en costume qui sont de vrais branques - Jeff Wadlow oriente également la pellicule vers une "teen comedy" globalement puérile. L'humour est gras, majoritairement en dessous de la ceinture, et sonne souvent creux. Il y a bien trop d'excès faits sur le côté ado de l'histoire, dans la simple idée de garder le ton exubérant et choquant. Heureusement, le traitement des costumes demeure fendard et rock'n'roll, tout en incorporant un revers sombre et tragique bien développé, et des clins d’œil aux comics. La portée sociologique n'ira pas beaucoup plus loin, puisque le film mise avant tout sur le fun et l'action qui est toujours joliment mise en scène, avec la musique dynamique de Jackman bien dans l'esprit des personnages. Ce Kick-Ass 2 se montre bien délirant, même s'il s'avère moins percutant que son prédécesseur.

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• Critique du 30 août 2013 :
Kick-Ass 2 était un des films les plus attendus cette année parmi la communauté un peu "geek". Malgré son finale un peu trop exubérant à mon goût, Kick-Ass était une franche réussite, très bon dosage d'humour et références, avec des séquences d'action toutes droites issues des planches dessinées. C'étaient très bien fait, très fidèle à l'esprit, et ça a plu. Les studios savaient cela, et bien honteux d'avoir boudé le premier volet parce qu'ils ne croyaient pas à sa réussite, ce deuxième épisode n'a pas eu de mal à trouver preneur, avec un budget légèrement inférieur alors qu'on a l'impression qu'il a été doublé. Surtout qu'une fois encore, le développement du film et de la version papier se sont rejoints et ont été effectués en simultanée par Mark Millar et Jeff Wadlow, remplaçant Matthew Vaughn pour cette fois.

Mais il n'y a pas de craintes à avoir. Malgré son passé peu glorieux, Wadlow reste fidèle au style visuel instauré par Vaughn pour la franchise et délivre une mise en scène jubilatoire. Jouant d’un montage énergique, il propose ainsi une mise en scène plus dynamique, plus propre, et plus professionnelle par rapport à certains passages un peu pauvres du premier film. Qui plus est, la photographie de Tim Maurice-Jones est pétillante grâce à tous ces cotumes, davantage que celle de Ben Davis du coup, et sied à merveille à l'ambiance du long-métrage. On pense alors à Kaboom ou Detention pour ce côté assez Pop et acidulé dans lequel Wadlow insère d’excellents plans, dont certains aussi beaux, sinon plus, que les virées en voiture de Kick-Ass, grâce à quelques effets visuels très judicieux. Les affrontements sont lisibles et bien torchés, même si prévisibles et parfois tirés par les cheveux, mais il y a constamment cette approche fun qui fait qu’on pardonne. Le seul bémol, pour ma part, vient de la séquence avec Hit-Girl sur le fourgon, trop exubérante, et pas super réussie côté effets spéciaux alors qu’ils n’ont pas fait tâche jusque-là. Autrement, les chorégraphies des affrontements sont chouettes, surtout lors de la mêlée générale finale, et Mother Russia qui fout le chaos dans la petite banlieue pavillonnaire, c’est juste délirant.

Ce qui me dérangeait dans le premier film et de plus en plus dans les comics - soit ces scènes de plus en plus improbables et grosses - a été bien mieux géré sur ce long-métrage puisque, du début à la fin, on reste sur la même constante, sans trop exagérer ni faire primer un trop fort réalisme. C’est du coup très bien dosé, et l’ensemble des évènements passe relativement aisément. Bien entendu, pour cela, Wadlow a dû évincé la tournure de certaines scènes du comics qui auraient pu être sympa à l’écran, mais aurait soit donné un esprit trop blockbuster ou bien amener une censure totale, donc ce n’est pas plus mal. On reste donc à échelle humaine et dans un cadre assez réaliste. Par contre, on a toujours Hit-Girl qui balance ses répliques outrancières et les personnes qui avaient été choquées il y a trois ans feraient mieux d’éviter le film. Le trash ne vient clairement pas de l’aspect graphique (il y avait pourtant matière à avec le carnage du Motherfucker atténué), mais clairement du langage des personnages qui débites injures et obscénités sans arrêt.

Encore une fois, le scénario est bien plus fluide et mieux construit que celui du comics. On pourra dire ce qu’on veut, la trame narrative de chacune des versions cinématographiques est supérieure aux itérations papier ; elle ne se perd pas exprès en détours pour pouvoir créer plusieurs actes. Les éléments ont été très intelligemment réagencés, sans perdre de vue le résultat recherché par Millar, et ça marche à la perfection. L’histoire reste simple, très bien menée, et ne part pas dans tous les sens pour rien. Les climax émotionnels fonctionnent pratiquement à chaque fois, les moments de bravoure apportent leur lot de frissons, et les réactions des personnages sont nettement mieux exploitées que dans la BD, ce qui est intéressant pour garder l’humour ou le malaise (la scène du revolver, par exemple). Il y a juste un point qui apparaît inutile : la relation entre Kick-Ass et Night-Bitch - alors que Katie est toujours là - qui sert juste d’accroche sexuelle. Par ailleurs, Kick-Ass 2, comme son prédécesseur, se termine sur une note sensiblement positive (où il advient tout ce qu'on attend depuis le début), là où les comics s’enfoncent dans la noirceur et, du coup, conclut de façon radicalement opposée (un peu moins si vous avez la sagesse de rester jusqu'à la scène d'après-générique) par rapport au livre. De quoi s’interroger sur le chemin que va prendre la suite.

Effectivement, le film ne se contente pas simplement d’adapter, il s’inspire plutôt, tout en restant assez fidèle pour ne pas que les fans ne se sentent floués, et offre quelques scènes bien différentes. Disons qu’en trois ans, les acteurs ont grandi, et pour Chloë Grace Moretz, ça se voit. Jeff Wadlow a donc adapté le film autour de cette évolution plutôt que de vouloir faire du forcing en jouant les aveugles ; ce qui incite également à altérer d’autres éléments. Et ça tombe bien, car si les acteurs deviennent plus adultes, l’histoire le devient aussi. En se basant à la fois sur le volume Kick-Ass 2, mais également sur le spin-off et préquel plus dispensable Hit-Girl, le film a en effet du bagage pour se développer. Voire un peu trop car il doit finalement mixer deux tons assez disparates du même univers, et ce très rapidement, en réaccommodant les deux situations chronologiques en une seule. Il y a également un élément gardé de côté du premier volume qui est réintégré ici. Beaucoup de choses donc, et ce sur un long-métrage 15 minutes plus court que le premier.

Il y a donc quelques écueils. Pas par rapport au rythme, qui reste superbement dosé, avec ses actes bien distincts et efficaces (difficile de trouver le temps long en 1h40), mais vis-à-vis du ton du film qui oscille entre deux eaux. D’un côté, on a cette évolution plus sombre, plus mature, avec un fond assez fort où les personnages vont être confrontés aux conséquences de leurs actes et essuyer plusieurs évènements tragiques. Et de l’autre, il y a toute cette approche adolescente, très teen movie, qui est totalement absente du comics, et clairement rajoutée en excès après la réussite de ce genre d’humour dans le premier film. Même si on y a majoritairement droit sur les scènes de lycée qui correspondent essentiellement au spin-off, il ne se passe pas deux minutes sans qu’une ribambelle de blagues cocasses soient balancées. C’est très drôle au départ, mais ça devient par moments juste lourd, puéril, et ce n’est parfois pas drôle. Par ailleurs, toutes ces pointes d’humour sont d’un registre sexuel. À se demander si le réalisateur sait rire d’autre chose, même s’il est vrai qu’avec les ados, le sujet revient souvent.

À part cela, l’ensemble du casting est simplement génial, bien que Kick-Ass et Hit-Girl ne soient pas si présents (en costume). Il y a une galerie de personnages détonante et qui rafraichit un peu l’univers avec des Doctor Gravity (Donald Faison), Battle Guy et Night-Bitch plutôt fidèles à leur contrepartie dessinée, et des héros secondaires de choix. Ajoutons-y Insect-Man et le couple Remember Tommy, foncièrement remaniés, mais de moindre intérêt. Et surtout Jim Carrey, dans le rôle excellent du Colonel Stars & Stripes (mélange de deux héros en fait), qui livre une prestation particulièrement forte et détonante où on a presque du mal à le reconnaître. Chloë Grace Moretz, quant à elle, est fidèle à son interprétation outrancière de 2010, même si son plus grand âge la sexualise quelque peu - ce avec quoi le film joue. Et enfin Aaron Taylor-Johnson a sacrément gagné en charisme (son entraînement pour Godzilla ?), mais arrive toujours autant à se faire passer pour un loser. Et son attitude dans le costume de Kick-Ass est parfaite. Tous ces persos, et bien d’autres encore, forment la Justice Forever, une équipe de héros costumés qui patrouillent dans la ville, mais vont se rtrouver confrontés à plus dangereux qu’ils l’imaginaient.

Un danger qui vient du groupe de vilains - les Toxic Mega-Cunts - réunis par Chris D’Amico, devenu The Motherfucker pour l’occasion, et bien décidé à venger la mort de son père. D’ailleurs, son costume est complètement refondu par rapport à sa version dessinée, pour une tenue latex/cuir plus sadomasochiste. Chistopher Mintz-Plasse interprète son personnage à merveille, dans des crises farfelues hilarantes, qui ne le rendent que d’autant plus dérangé. Dans ses rangs, de nombreux criminels aux looks très méchants et improbables, mais celle qui a le rôle le plus important est Mother Russia (qui a changé d’ethnie pour passer à l’écran), magistralement personnifiée par une Olga Kurkulina terrifiante. Le recrutement de toute la bande est d’ailleurs extraordinaire car, à l’image de la séquence sur le passé de Big Daddy, le passage voit intervenir des splash screens dessinés par John Romita, Jr. lui-même qui font directement penser au comic book, comme les nombreux cadres de lieux, ou alors tous les dialogues encore une fois repris au mot près. C’est toujours très amusant à noter, et ça ajoute du charme au film, comme le fait qu’en 2010 MySpace était le réseau social des gens costumé, et qu’en 2013 c’est Facebook qui sert d’annuaire.

Tous ces personnages offrent donc une galerie exceptionnelle, apportant plein de costumes exubérants et hauts en couleurs à l’écran. Et, contrairement au premier épisode, ce deuxième film semble bien mieux représenter tout cet univers de superhéros de la vraie vie, les patrouilles qui vont avec, et tout le phénomène. Et l’aspect humoristique, qui ne se prend pas autant au sérieux que le comics, aide certainement à donner corps à tout cela. Soulignons également quelques changements d’acteurs, pour une tête plus connue avec Morris Chestnut dans le rôle sévère et paternel de Marcus, ou moins pour ce qui est du personnage de Tod, laissé par Evan Peters à Augustus Prew qui se débrouille très bien (surtout en Ass-Kicker). Les plus attentifs auront reconnu Iain Glen (Jorah Mormont dans Game Of Thrones), ou le plus discret Benedict Wong, toujours là où il faut.

La musique est encore un fois excellente, beine en phase avec les scènes, et piochant quelques morceaux Rock/Pop/Electro, ou plus incongrus pour habiller certaines séquences fortes et toujours appuyer ce décalage sérieux (avec les affrontements crus) et comique. Je note avec joie moins de musiques qui viennent d’ailleurs pour faire sensation ; celui-ci se sert de ses propres atouts. Et avec Henry Jackman de retour dans l’aventure, avec Matthew Margeson en co-compositeur, ce n’est pas très compliqué. Les deux ont travaillé ensemble, reprenant quelques thèmes du premier, avec un habillage plus Rock/Electronnique, et des orchestrations puissantes. On reconnaît quelques touches Western empruntées de Morricone, ainsi que les arpèges de Murphy toujours présents, même si la dimension intense et intimiste de ce dernier manque par moments. Bien qu’il manque pquelque peu de diversité, Margeson se débrouille très bien pour y pallier au mieux avec des musiques d’ambiance solides, et la création d’un thème magistral pour The Motherfucker, dans lequel on retrouve les orchestrations conquérantes de Jackman très calquées sur le thème de Magneto dans X-Men: First-Class. Je suis persuadé qu'il pourrait faire un très bon Spider-Man, qui finalement a beaucoup de cet esprit de Kick-Ass. Je dirais même qu'il pourrait mieux s'en sortir que Zimmer puisqu’il apparait bien plus spontané et léger dans sa manière de composer.

Kick-Ass 2 est donc une excellente suite, supérieure au premier volet pour ma part, notamment pour son ampleur qui reste constante, en plus d’être visuellement très flamboyante et aguicheuse. Et puis, surtout, il m'a enfin donné envie de me pencher sur les comics et de les lire, ce qui n'était pas le cas il y a trois ans. Il n’était pas facile pour Wadlow de rempiler après Vaughn, mais il a réussi à garder un ton léger, fun et déjanté, tout en infiltrant les quelques thèmes un peu plus adultes qui font tout l’intérêt de cette suite. Le seul point de débat restera, finalement, l'humour trop porté en dessous de la ceinture qui aurait demandé à être atténué. Sinon, c’est très bien foutu, ça a clairement de la gueule, le film se démarque vraiment de ce qui peut se faire actuellement et, surtout, on aime enfin les personnages et on veut savoir ce qui va leur advenir.
AntoineRA
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le 30 août 2013

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AntoineRA

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