Kié la petite peste a été réalisé par Isao Takahata, plus connu pour Le Tombeau des lucioles (1988), mais qui se rapproche davantage par son sujet et son ton de Mes voisins les Yamada (1999). Il s'agit de l'adaptation du manga éponyme, et raconte l'histoire d'une petite fille qui au milieu d'une famille dysfonctionnelle prend à bras le corps les problèmes de ses parents, divorcés, car le père, bagarreur et joueur, au lieu de s'occuper de sa femme et de sa fille, ou encore de son business, a quitté ses responsabilités.
Kié a donc pris les rennes du restaurant de son père, et tout en étudiant à l'école, essaie de résoudre les problèmes d'adulte de son entourage à son niveau (alcoolisme, oisiveté, carences sentimentales ou familiales). Un récit qui pourrait tourner au drame familial et humain (devenir adulte alors que l'enfance est loin d'être terminée) comme le premier DA que j'ai cité plus haut, sans l'humour omniprésent qui le parcourt, avec ses personnages truculents et hauts en couleurs (en premier lieu son père qui n'arrête pas de faire des bêtises même quand il est animé de bonnes intentions), l'humeur enjouée de la petite fille, et surtout une intrigue secondaire de combats de chats qui s'enveniment autour d'un problème de testicules, pour terminer dans un duel à la Sergio Leone ...
Le dessin est relativement naïf, avec des personnages assez grossièrement dessinés mais rigolos (c'est une question de style, pas de qualité), dont le père rappelle les traits du génie scientifique du Dr. Slump (Akira Toriyama). L'animation est très vivante, bien qu'elle n'atteigne pas encore la fluidité des DA des années 90, plus connus aujourd'hui. Et l'obsession assez barrée du réalisateur des organes génitaux des chats préfigure Pompoko avec les fameuses couilles flottantes des ratons-laveurs ... Un humour très japonais que j'adore qui n'est jamais vulgaire malgré son ton osé, et s'avère même touchant en raison des sujets ici abordés (le deuil, la vengeance, le pardon).
Kié la petite peste est un petit chef-d'oeuvre d'animation, qui aborde des questions très importantes principalement axées autour de la famille et de ses divisions, avec un ton néanmoins léger, et sans moralisme ni cynisme.
Critique écrite le 09/05/2012