Avec "Kika", Pedro Almodóvar passe la vitesse supérieure par rapport à ses comédies provocatrices et gentiment sexuées précédentes, et s'attaque avec cruauté, voire grossièreté à l'un des maux qui commence à gangréner nos sociétés en passe de devenir plus déjantées que le monde des artistes punks dont il est issu : le désir qu'a chacun d'être acteur et consommateur à la fois dans cette nouvelle "société du spectacle", et mène tout droit aux dérives des media, et de la télévision en particulier. On dira que "Kika" est bête et méchant, absurde et souvent incohérent dans sa surenchère de personnages caricaturaux et de situations grotesques, mais j'ai surtout eu le sentiment en le voyant d'une énergie exemplaire : rageur, mal éduqué, mal poli, voici un film "hénaurme" qui met les pieds dans le plat. Et ça fait plaisir ! [Critique écrite en 1994]