If I've been enveloped in Tenderness - musique de fin de Kiki la petite sorcière.
Kiki la petite sorcière est assez particulier dans la filmographie de Miyazaki - plus encore que Ponyo je pense - souffrant dans la mémoire collective large de la comparaison au souffle épique d'un Nausicäa ou d'un Princesse Mononoké tout en s'adressant à un public plus âgée que le tout mignon Mon voisin Totoro et contenant malgré son héroïne proprement magique (puisque sorcière) moins d'éléments fantastiques que la majorité des œuvres du maître. Aussi malgré son succès initial retentissant, je pense que c'est un film qui marque moins les mémoires.
C'est pourtant une œuvre qui ne démérite pas et qui vous surprendra par la légèreté qui s'en dégage comme un vent de bonne humeur et de douce nostalgie, comme l'odeur du pain fraichement cuit un bon matin qui vous colle un sourire ému sur le visage. C'est la beauté de phases aériennes aussi magnifiques que fluides à la suite d'une Kiki acrobate et maladroite. C'est quelques arbres pris dans la figure, une ville qui se pare de mille lumières une nuit d'été, c'est la mer et les oiseaux, la métropole si pittoresque en contrebas.
À travers le parcours initiatique de cette petite sorcière sortant décidée du logis familiale à 13 ans pour un stage d'un an en solitaire dans une ville étrangère afin devenir une vraie sorcière, Miyazaki nous parle de la difficulté de s'adapter dans un nouvel environnement, de la prise en main de sa vie et du passage à l'âge des responsabilités. On retrouve toujours cette idée de transition inhérente à beaucoup d’œuvres du maître et ce passage de l'enfance à l'adolescence mais abordé au travers de la découverte de soi par l'établissement dans une nouvelle ville, par le travail, par les amitiés qui se créent malgré le rythme effréné d'une métropole pourtant si charmante.
Allié à ça Kiki la petite sorcière nous gratifie de magnifiques scènes de vols entièrement dessinée à la main, véritable déclaration d'amour de Miyazaki aux voltiges aériennes et à l'aviation - ici à travers le personnage de Tombo, jeune passionné d'aviation et constructeur amateur d'engins volants. On voit Kiki évoluer presque naturellement avec son balai avant d'en perdre le contrôle puis de réapprendre à voler vers la fin du film et cela est mis en parallèle avec son apprentissage, notre héroïne passant par l'insouciante ignorance puis par la timidité face à la grande ville et enfin s'adapte maladroitement et évolue tant bien que mal.
Outre cela le dessin tout en douceur et le trait presque rond, les cheveux qui se hérissent à chaque émotion et les yeux qui s'allongent, la ville d'inspiration occidentale qui s'étale paresseusement le long de la côté, les vieilles maisons en pierre, les rues pavés, les guimbardes, les appentis et les mansardes auxquelles on accède par la cour arrière qui donne sur la mer ... On respire l'odeur des fours à pain, on s'amuse des réactions bourrues du mari de la généreuse boulangère Osono et de la persistance bornée et bon enfant de Tombo.
Kiki la petite sorcière c'est l'équivalent filmique d'une tourte de grand-mère, une bouffée de chaleur humaine, de joie et une myriade de petits instants qui font la vie. C'est un film du quotidien à portée humaine, avec des héros profondément humains, solidaires, attachants. C'est un rayon de soleil sur un buffet, un four à bois qui se réchauffe, une averse en été, un vol de corbeaux, une succession de petites livraisons. C'est un ensemble de rien qui forme un tout, c'est la beauté d'un quotidien enchanté et magnifié par une sublime bande-son signée Hisaishi.