Kiki la petite sorcière
7.3
Kiki la petite sorcière

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1989)

Il flotte sur le monde comme un parfum d'été.
Un air de légèreté, doux et tranquille, qui chasse les nuages et courbe timidement l'herbe et les fleurs, un petit courant tiède qui fait frémir la surface de l'eau et les branches des arbres. Dans la quiétude d'une nuit d'été, la campagne bruisse du son d'une radio accrochée à un bout de bois qui fend le ciel, quelque part en-dessous de la lune. Champs et forêts assistent à la séparation d'une enfant d'avec sa famille, en quête d'apprentissage, sous la bénédiction nocturne d'un village champêtre.


Il flotte alors dans la nuit une petite fille et son chat.
Toute de noir vêtue, se confondant comme son chat avec l'obscurité à peine troublée par l'immense boule blanche accrochée entre les étoiles, Kiki s'envole maladroitement vers une destination inconnue, vers un avenir indéterminé. Poussée par les vents, les pluies, par un orage subit, elle émerge miraculée au pied d'une ville bordant un océan céluréen. Une ville, perchée sur les flots, comme un poste avancé vers le soleil, pour toujours garder un petit bout d'été caché entre ses rues.


Les beaux jours paraissent ancrés aux murs de cette immense ville, tout comme une certaine idée de grâce et de bienveillance qui transparaît le long des rues pavées, au-dessus d'un marché grouillant de vie, d'un port empli de marins affairés, de ponts de pierre idylliques ou d'une boulangerie discrètement installée au coin d'une ruelle en pente.
Dans ce dédale, la vie est calme, paisible, innocente, elle semble figée dans une douceur estivale, pleine de la beauté qu'on ne trouve qu'aux jours de soleil.
Le monde y est simple. On y sent la douceur de la brise, on y respire l'odeur du pain chaud juste sorti du four, des tartes à peine cuites... C'est un été qui prend son temps, qui voit filer des après-midis à travers une vitre, des nuits dans les bois, calmes.


Dans ce cadre imperturbable, on s'agite, on vole, on court, on apprend à connaître, à se connaître, on s'attache, beaucoup, aux autres, aux objets, aux maisons, à tout ce qui crée ce décor foisonnant et serein. On y vit heureux.
Quelques nuages, quelques orages traversent parfois le ciel. Raptus pluvieux, colères climatiques, ou passages ombrageux sur une jeune fille en proie au doute, envahie par ses angoisses, ils ne sont qu'instants éphèmères, fugaces, rapidement chassés par le retour de cette douceur inébranlable qui entoure cette ville. Celle-là même qui s'insinue dans chaque acte, nourris d'une volonté et d'une générosité acharnées.


C'est un parfum d'été qu'on ne veut pas quitter. Ses rues, ses nuits, ses odeurs, son temps qui s'écoule dans un ralenti merveilleux. Tout ce qui fait de cette ville un vibrant morceau de vie, à la fois beau et triste, heureux et mélancolique, tout ce qui en fait un bout d'été figé à jamais, empli d'une chaleur qui perdurera bien après la fin de l'été.
La chaleur humaine.

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le 3 juil. 2017

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