Majo no takkyūbin plus connu dans nos contrées sous le nom de Kiki la petite sorcière est une histoire toute simple. C'est un récit initiatique qui parle de cette période de transition qui peut s'avérer difficile entre l'enfance et l'adolescence.
La dimension universelle qui se dégage du long métrage de Miyazaki vient du fait qu'on a tous eu cette sensation de se retrouver seuls et un peu perdus face à un monde paraissant bien trop grand pour nous au sortir de l'enfance. Tout le monde peut donc s'identifier à Kiki qui doit quitter ce foyer, cet endroit sécurisé, pour s'élancer sur les routes du vaste monde pour des raisons d'apprentissage.
Le moment ou Kiki perd ses facultés magiques participe également de cette allégorie de la transition entre enfance et adolescence.
Durant l'enfance, l’imaginaire et la magie font partie de nos vies sans qu'il nous soit besoin de faire un effort particulier. Mais à l'adolescence tout parait plus compliqué et la magie s'étiole, s’efface, nous quitte presque du jour au lendemain et l'on ne s'en aperçoit qu'au moment ou l'on ressent ce grand vide qui l'a remplacé. Par l'exemple de Kiki, le film de Miyazaki insiste sur le fait que cette magie peut être récupérée, recréée, à condition de faire un effort et de toujours continuer à y croire. C'est aussi en s'inscrivant au sein du monde et pour des motifs altruistes que nous pouvons la ranimer, comme Kiki se remet à voler pour sauver Tombo.
J'ai également l'impression que cette perte de magie peut être vue comme une allégorie en rapport avec la création artistique; une manière de parler du syndrome de la page blanche qui frappe à un moment où à un autre toute personne s'essayant à une activité créatrice.
C'est assez flagrant dans les scènes entre Kiki et Ursula, cette jeune peintre vivant au milieu de la forêt, et on croit même entendre de sa bouche les propres difficultés qu'a traversé Miyazaki à une époque de sa vie. Il en ressort un message d'espoir important: l'envie finit par revenir!
Ce long métrage de Miyazaki porte donc un message d'espoir à l'égard de tous ceux qui ne se sentent pas à leur place, qui ne se sentent pas à la hauteur, qui pensent que ce qu'ils ont perdus, que ce soit leur joie, leur talent, où le bonheur d'un instant passé, ne peut être retrouvé.
En enfourchant son balais sans la moindre certitude que ça fonctionne, Kiki nous dit que nous avons tout cela en nous; que cette étincelle n'est pas encore complètement éteinte, et que nous pouvons la ranimer.
En dehors des qualités résolument inspirantes et humanistes de son récit, le long métrage de Miyazaki est comme toujours très réussi au niveau de ses personnages, comme de son univers mêlant tradition et modernité, mêlant des technologies d'époques variées (Zeppelin, début de l'aviation, voiture plus moderne,...), et mêlant dans un univers fictif un peu de la méditerranée et de l'Europe du nord (les villes pourraient être une sorte de Pays-Bas ou d’Allemagne pour l'architecture située au bord d'une mer ensoleillée).
Certains considéreront que Kiki est un Miyazaki mineur, ce qui, même en l’admettant, lui permet de se situer parmi les plus grand films du genre.
Pour ma part j'adore ce film qui parvient toujours à me redonner envie et espoir.
Je l'adore aussi parce que c'est un film qui touche beaucoup la merveilleuse petite sorcière qui partage ma vie et dont le balais pourrait l'emporter si haut que les nuages et le ciel eux-mêmes en seraient jaloux, mais qui croit parfois ne plus avoir le pouvoir de l'enfourcher.
Pourtant, elle y croit toujours un peu plus après avoir partagé 102 minutes en compagnie de Kiki.
Alors mes petits amis sorciers et sorcières de ce site ou d’ailleurs, enfourchez donc vos balais et confrontez vous au monde, à vos envies, à vos espoirs, et à vos rêves. Faites renaître la magie à partir de cette étincelle qui continue à vous animer.
Et si par moment ça vous parait trop dur, allez donc prendre un peu de hauteur là dessus en faisant un tour sur son balais en compagnie de Kiki; elle n'a pas son pareil pour vous remonter le moral.