La dernière fois que j’ai vu Kiki, je devais avoir 8 ans, et j’en avais gardé l’image d’un film sympa mais clairement pas mémorable : il n’y avait en effet pas de grande aventure et pas de méchant, pas de scène magique et intenses, pas de personnages hyper charismatique et touchant, pas de paysage de nature époustouflant de beauté et de message écologique profond. Rien de ce qui avait fait le succès du studio Ghibli jusqu’alors. En le revoyant hier soir j’ai donc été assez étonnamment surprise : le film est resté le même, il n’a en effet pas les éléments cités ci-dessus, mais il reste tout de même question d’une aventure grandiose : c’est l’histoire d’une fillette qui doit faire face à elle-même pour grandir, en remettant en question toute ses capacités. Ça ne vous rappelle rien ? Enfant ça ne me parlait évidement pas, mais lors de ce visionnage cela a pourtant eu un fort écho en moi : Kiki est une adolescente et fait face aux difficultés et aux questionnement qui vont avec. Il est sure que le film est plus intimiste qu’un Nausicaa de la vallée du vent ou un Chihiro, les ambitions n’en sont néanmoins pas moindre. Retranscrire les sentiments d’une adolescente de treize ans n’est pas chose facile, et surtout avec autant de justesse que le fait ce film. Contrairement à ce que laisse présager le titre français, l’histoire ne se concentre très peu sur son apprentissage de sorcière (vous avez dit que sorcière rime avec magie ? Une petite mention des pouvoirs de Kiki par-ci par-là devra faire l’affaire) mais plutôt sur comment elle fera face aux difficultés de la vie d’adulte alors qu’elle se considère encore elle-même comme une enfant. Le fait que Kiki soit une sorcière est donc n’ont pas le sujet de l’histoire mais plutôt son moteur ainsi qu’un bonus qui fait que l’œuvre peut facilement se démarquer des autres histoire sur l’adolescence grâce à la carte « magiiiiiie ! ». Et bien que cela n’ai pas tant d’importance que cela, le peu que l’on a sur le statue de sorcière de Kiki sont assez sympathique (l’art du balai a la part belle dans ce film, mais même le principe de dépars qui est qu’une sorcière doit partir seule à l’age de treize ans est très intéressant). On regrette néanmoins d’en savoir si peu et la fin nous semble un peu rapide. Les choses s’enchaînent sans bien prendre le temps de se mettre complètement en place et c’est un peu frustrant quand on voit comme le début du film est brillamment exécuté pour nous donner le même sentiment de découverte qu’éprouve Kiki.
Coté personnage, c’est assez dommage, je pense que c’est l’un de Ghibli avec les personnages les moins attachant du lot, Kiki est certes un bon personnage, bien écrit, elle tape parfois sur les nerfs. Gigi est un super chat noir adorable, avec des répliques vraiment drôle, mais on l’oublie à peu près à la moitié du film, disparaissant presque entièrement de l’histoire. Tombo est quasiment invisible dans le film et le peu de fois où il apparaît ne servent pas à le rendre sympathique. La boulangère, bien qu’attachante n’a pas vraiment de personnalité, et c’en est de même avec le reste du cast. A ma grande déception, je trouve que l’apprentie sorcière que l’on voit au début du film aurait été un super personnage ! Sinon en dehors de tout cela, on a évidement une super musique (moins marquante que le reste de son ouvre néanmoins) de Joe Hisaishi qui rendent compte à merveille de l’ambiance du film ainsi que de superbes dessin mais ça le studio n’a rien à prouver, ce sont leurs deux valeurs sures.
Ainsi donc j’ai redécouvert avec joie et surprise ce film, et je vous conseille de le redécouvrir aussi, une histoire classique certes mais très finement exécutée et qui, si elle n’est pas mémorable, ne peut en aucun cas déplaire.