Seize ans que je n'avais pas revu ce « Kill Bill : Vol. 1 », soit beaucoup trop longtemps. Alors que j'en gardais un beau souvenir tout en conservant une préférence pour le second, c'est exactement le sentiment inverse que j'ai eu en les redécouvrant au cinéma à une semaine d'intervalle. Pourtant, lorsque l'on y pense, cela aurait dû être très basique, cette histoire de vengeance, dont la principale originalité est de voir mené le règlement de comptes par une femme, en l'occurrence Uma Thurman, excellente et ô combien charismatique ici. Mais là, tout se joue vraiment dans la mise en scène, avec comme maître d'œuvre Quentin Tarantino et évidemment, ça change tout.
Tout y est absolument étourdissant de panache, d'idées géniales, de plans ô combien iconiques... Rarement audace aura été consacrée avec autant de brio, de réussite : le bonhomme trouve ainsi un équilibre assez miraculeux entre répliques parfaitement dans le ton et action insatiable, démentielle, où la maestria visuelle de l'auteur de « Pulp Fiction » est impressionnante. Presque tous ses choix sont payants, que ce soit
la longue et sanglante partie animée retraçant la jeunesse d'O-Ren Ishii, le noir et blanc utilisé pour une partie de la bataille finale
ou encore ce mélange des genres assez fous, entre arts martiaux, films d'exploitation, western... Le tout soutenu par des personnages mémorables, que ce soit l'absence-présence de David « Bill » Carradine, l'hallucinante Chiaki Kuriyama en garde du corps vicieuse (probablement l'adversaire la plus redoutable), sans oublier Lucy Liu, en imposant méchamment en reine de la pègre japonaise.
Comme souvent chez Tarantino, il y a (au moins) un moment où je décroche légèrement : le passage burlesque entre Sonny Chiba et son fils ne m'a pas paru indispensable. Mais bon, c'est si peu au vu de la claque reçue quasiment 120 minutes durant, formellement étincelante, accentuée par son absence de linéarité rendant le récit encore plus stimulant, et une bande-originale dantesque, s'écoutant avec un plaisir presque égal devant comme en dehors de l'écran. Il n'y a pas à dire : lorsque le cinéma ressemble à ça, c'est un art absolument merveilleux.